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L’amiante à Jussieu

L’amiante à Jussieu

L'amiante à Jussieu
Mis en ligne le mercredi 5 septembre 2007 ; mis à jour le vendredi 17 août 2007.

Publié dans le numéro IV (ÉTÉ 2007)

Que retiendrons-nous de la Présidence de Jacques Chirac à Paris ? Le Musée des Arts Premiers ? Trop modeste. Le Stade de France ? Trop loin. En fait, le plus beau chantier parisien lancé par sa volonté ne se voit pas : il s’agit du désamiantage du campus de Jussieu.

Nous sommes le 14 juillet 1996. Patrick Poivre d’Arvor et Alain Duhamel interrogent le président de la République sur le pessimisme des Français, les affaires politico-financières qui continuent à éclater, les projets de baisse d’impôts, la réforme de l’enseignement supérieur, la parité. Et puis, au détour d’une question, Alain Duhamel veut tendre une perche sympathique à Jacques Chirac, en évoquant la vache folle et l’amiante. Que fera le gouvernement à Jussieu ? « Avant la fin de l’année il n’y aura plus d’étudiants à Jussieu parce qu’il y a un risque. Cela implique un coût, mais ce sont des coûts qu’il est nécessaire d’assumer. J’aurais dit la même chose avec le problème de l’encéphalite bovine ». Les deux journalistes ne relèvent pas la phrase du président, mais la chose est dite et les ministres vont devoir suivre : la parole d’un président, ça engage.

Rien pourtant ne laissait présager cette issue. Le 12 juillet, le Rectorat de Paris n’annonçait en effet qu’une timide première tranche de travaux, à commencer en mars 1997, pour un montant de 25 millions de francs. Pas assez satisfaisant pour les étudiants ou pour les enseignants dont certains s’étaient regroupés au sein du Comité Antiamiante de Jussieu. Depuis le début des années 1990, cette association cherchait, avec plus ou moins de succès, à sensibiliser les journalistes aux enjeux du désamiantage à Jussieu mais, hormis quelques manifestations publiques, elle n’avait aucun moyen de pression.

Pourquoi le président avait-il donné une réponse si précise, face à un problème encore mal évalué ? Cette question dut traverser l’esprit de François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale. Ce fut lui qui eut à assurer le service après-vente du discours présidentiel. Le 15 juillet, il fut obligé de créer une « Mission Jussieu » pour préparer le calendrier des travaux, alors que les polémiques naissaient sur l’inanité de la proposition présidentielle. Le 3 octobre, un plan était présenté : le premier d’une longue liste. En février 2005, la Cour des Comptes dressait un bilan intermédiaire de cette opération, réalisée sans étude préalable, sans programmation d’ensemble et sans véritable engagement ministériel. En 2003, le coût du désamiantage était évalué à 800 millions d’euros et celui de relogement des étudiants à 300 millions.

Depuis, le chantier et les imbroglios continuent. Au mieux, le désamiantage du site (qui se fait tranche par tranche) sera terminé en 2010. Et, début 2007, une proche de Jacques Chirac a été nommée à la tête de l’établissement public chargé du désamiantage, ce qui a provoqué de nombreux remous au sein de son équipe.

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