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Les réseaux parisiens.
Les réseaux parisiens.
  • Stations essence
    « soudain rugirent sous nos fenêtres les automobiles affamées » Marinetti, Manifeste du futurisme Elles font partie du décor sans constituer un point de repère, elles se fondent comme quelque chose de provisoire, comme un échafaudage ou une benne, qu'on ignore parce qu'ils ne sont pas à demeure. Si bien que même quand on les cherche on a parfois du mal à les voir, si bien surtout que l'on ne s'aperçoit pas, ou bien plus tard, qu'elles ne sont en réalité plus là. Elles n'ont pas, ou pas encore, la force « hallucinatoire » de ces « mots BOIS-CHARBON » et de « ces rondeaux de bois qui se (...)
     
  • Ordures et euphémismes
    « Quand Ils seront partis, l'Un et l'Autre, pour visiter d'autres cavernes, je reviendrai et j'apporterai d'autres ordures. » Léon Bloy, Méditations d'un solitaire en 1916. Vigipirate nous a habitués à côtoyer dans les gares de grands adolescents portant des mitraillettes en bandoulière, mais pas tant à voir sur les trottoirs les flasques poubelles improvisées par la Ville après qu'elle a dû obturer ou détruire dans la précipitation ses vieilles poubelles opaques qui, comme leur congénère de l'avenue Friedland, auraient pu tenir un colis suspect à l'abri des regards (...)
     
  • Enseignes et devantures
    « Tes yeux, illuminés ainsi que des boutiques » (Baudelaire, « Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle... »)
    Les conseils de quartier bruissent depuis des années de récriminations amères. Ce sont les « couleurs innommables » des enseignes de la place de la Sorbonne, « des écharpes et autres, plus affreuses les unes que les autres, qui pendent ici et là toute la journée », et aussi « ces gens », ces « camelots » sans foi ni loi ni vitrines, dont « on dirait qu'ils ont les culs de camion ouverts » sur le boulevard Saint-Michel. En somme, le scandale qui offusquait le (...)
     
  • Les bateaux-mouches
    « Plein feu sur l'univers moderne Plein feu sur notre âme au néon Plein feu sur la noirceur des songes Plein feu sur les arts du mensonge » Aragon, « Les feux de Paris », Les Poètes, 1960. Dans un ouvrage de 1917 qui prodigue mille conseils pour tâcher de soulager Les Misères des neurasthéniques, le docteur Pierre Creuzé n'oublie pas les mélancoliques parisiens, privés des ressources vivifiantes du soleil et du grand air. Qu'à cela ne tienne, le remède est au pied de chez eux : qu'ils se laissent glisser jusqu'aux quais et montent sur un bateau-mouche. On y revit l'histoire en (...)
     
  • Réseaux : pneumatiques
    « Vers quatre heures, il reçut un petit bleu de sa maîtresse, qui lui disait : "Veux-tu que nous dînions ensemble ? nous ferons ensuite une escapade." Il répondit aussitôt : "Impossible dîner." » Maupassant, Bel-Ami. Le télégraphe de Chappe, vaincu par le brouillard et la nuit, finit par céder la place. Mais la magie du télégraphe électrique est étouffée par son succès - ou, d'après Maxime Du Camp, par le lyrisme administratif des fonctionnaires, qui encombrent les lignes de missives trop polies. Toujours est-il qu'une dépêche qui franchit les frontières à une vitesse défiant (...)
     
  • Bougez
    D’après Roubaud d’après Queneau : Le Paris où vous flânâtes N’est pas celui où nous marchons Et nous avançons sans hâte Vers celui où nous bougerons.
    La ville qui a inventé la flânerie aurait perdu ses promenades. Heureusement, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) les a retrouvées et se charge, dans le cadre de sa campagne « Bouger au quotidien », de nous montrer le chemin. On croyait savoir depuis Antonio Machado que pour le « marcheur, il n'y a pas de chemin, / le chemin se fait en marchant. » Mais non, le (...)
     
  • Les "espaces civilisés"
    « - La nation s'est donc remise en plein courant de civilisation, tandis que je sommeillais ? Le progrès extravase donc ? [...] Si vous voulez bien le permettre, Paris est réellement civilisé, voilà tout. » Louis Desnoyers, Un songe-creux de Robert-Robert en 1832 : Paris civilisé. La furie des « axes rouges » qui marquaient Paris au fer est derrière nous. L'instrument de la pacification est un « concept », tout théorique quand il fut dévoilé en 2001, bien réel aujourd'hui qu'il a présidé au remodèlement de plusieurs artères labellisées. On n'en connaît pas la couleur, mais bien le nom, celui (...)
     
  • LE P.I.L.I.
    « Comparer l'homme à un tableau de commande avec des milliers d'ampoules ; tantôt les unes s'éteignent, tantôt les autres, avant de se rallumer. » Walter Benjamin, Paris capitale du XIXe siècle. On ne sait pas bien comment ils s'appellent, peut-être justement parce qu'ils portent ce nom, à la fois transparent et précis, comme seule pouvait en produire la rencontre, dans les années trente, de l'administration et de l'électrotechnique : ce sont des « plans indicateurs lumineux d'itinéraires », en abrégé, PILI. Gigantesques plans de carton ajouré qui ont fait du métro (...)
     
  • La Bièvre
    « Il n'est pas de Paris, il ne sait pas sa ville, celui qui n'a pas fait l'expérience de ses fantômes. » Jacques Yonnet, Rue des Maléfices. Il y a un café rue Corvisart, qu'on a repeint un jour en blanc, et où quelques habitués affublés de surnoms se cramponnent encore à un comptoir, auquel ils cherchent sans désespoir le souvenir du zinc. J'y aurais pris un verre et je l'aurais oublié, si le serveur ne m'avait pas lancé un « Bienvenue dans la république de Croulebarbe ! », exagéré d'un ample geste de la main en direction du square où s'agitaient les enfants d'un (...)
     
  • Les égouts
    « Il creusait des égouts magnifiques. » (Jules Simon, Le Gaulois, mai 1882 : éloge d'Haussmann que ce dernier cite dans ses Mémoires.) « Paris a sous lui un autre Paris ; un Paris d'égouts ; lequel a ses rues, ses carrefours, ses places, ses impasses, ses artères, et sa circulation qui est de la fange, avec la forme humaine de moins. » Paris est la ville totale, poursuit Hugo au début de l'épopée souterraine de Jean Valjean dans Les Misérables, et « là où il y a tout, il y a l'ignominie à côté de la sublimité ». Seulement Paris ne fait rien à moitié : l'« abject » ne saurait y être que « (...)
     
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