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Vaste péninsule du nord de la côte adriatique croate, l’Istrie est une région située au carrefour de l’Europe centrale et de la Méditerranée. De ce fait, elle offre un visage historique riche et complexe : l’Istrie a été successivement romaine, plus tard vénitienne sur le pourtour maritime et habsbourgeoise dans l’intérieur, puis exclusivement autrichienne jusqu’en 1918, italienne jusqu’en 1945 et, enfin, croate au sein de la fédération yougoslave. Elle devient, en 1991, l’une des régions administratives de la Croatie. L’Istrie est aussi un lieu de rencontre historique entre trois peuples européens - Croates, Slovènes et Italiens. Aujourd’hui, ses habitants entretiennent un régionalisme très fort, comme ceux d’autres régions croates (ex. Dalmatie), et, conscients des particularités culturelles et linguistiques de la péninsule, entretiennent fièrement leur singularité - leur «istrianité». Depuis l’indépendance de la Croatie et de la Slovénie voisine, l’Istrie est aussi le théâtre d’un différend frontalier international. À la hauteur de la baie de Piran, les anciennes eaux yougoslaves ne permettent plus à la Slovénie d’avoir un accès direct aux eaux internationales. Les Slovènes espèrent donc un redécoupage de la frontière maritime qui leur permettrait de remédier à ce problème. Ces dix dernières années, les gouvernements des deux pays ont tenté à maintes reprises de se mettre d’accord sur les limites maritimes. Devant l’absence de modus vivendi, la Slovénie et la Croatie sont désormais tentées par un arbitrage international.
La péninsule istrienne, en forme de triangle, est bordée à l’ouest par le golfe de Trieste et à l’est par le golfe du Kvarner. Au nord, elle débouche sur la frontière de la Slovénie, elle-même contiguë, à l’ouest, des limites orientales de l’Italie. L’Istrie tire probablement son nom des Histris, une tribu illyrienne. Les Illyriens occupent la péninsule des Balkans à compter du Xe siècle avant J.-C. et y constituent un royaume. À l’époque antique, les Romains partent à la conquête de l’Istrie (177) et établissent des villes le long de la côte, dont le port de Pietas Iulia (aujourd’hui Pula) dans la pointe la péninsule. De nos jours, Pula conserve de nombreuses traces de la présence romaine : un amphithéâtre pouvant contenir 23000 spectateurs - le sixième plus grand encore debout dans le monde, le forum, sur lequel domine l’impressionnant Temple d’Auguste, des portes, un arc de triomphe et des remparts. Les vestiges romains de Pula, décrits par Dante dans la Divine comédie, ont inspiré les plus grands artistes de la Renaissance, tel Palladio. Si les Romains règnent sur le pourtour maritime, les Illyriens préservent des poches de résistance dans l’intérieur. Sous l’empereur Auguste, l’Istrie est incorporée dans la province d’Italie - les autres régions de la Croatie actuelle font partie de l’Illyrium. La chute de l’Empire romain d’Occident (476) est accompagnée d’invasions barbares (Wisigoths, Huns, puis Ostrogoths) à la fin du Ve siècle. Finalement, l’Istrie passe sous tutelle byzantine (Empire romain d’Orient) en 539. La Basilique de Poreč témoigne aujourd’hui superbement de l’apport de l’art byzantin. Construite au VIe siècle par l’évêque Euphrasius, elle est décorée de remarquables mosaïques à fond d’or. En 1997, la basilique a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Au tournant des VIe et VIIe siècles, c’est autour des Avares et des Slaves de faire irruption dans la péninsule. Ces derniers, croates et slovènes, y resteront jusqu’à nos jours. Lorsque les Francs font leur apparition en 779, la population istrienne est très largement slave, non seulement en raison de la présence des Croates et des Slovènes, mais aussi à cause de la slavisation des autres peuples. L’affaiblissement progressif du pouvoir franc permet à de nombreux centres urbains istriens d’atteindre de facto une autonomie. Parmi ces centres, les villes côtières cultivent de forts liens économiques avec Venise. Au XIVe siècle, les régions de la côte sont incorporées à la République de Venise, tandis qu’une grande partie de l’intérieur tombe sous la domination autrichienne (Habsbourg).
Pendant quatre siècles, Vénitiens et Habsbourgeois se partagent l’Istrie, s’efforçant chacun de renforcer leurs positions dans cette région qui constitue un très important lien militaire et économique entre l’Europe centrale et la Méditerranée. Durant cette période, la portion vénitienne s’enrichit considérablement en raison du commerce et de la présence grandissante des populations italiennes. L’intérieur est plutôt agricole et très majoritairement slave, tant culturellement que linguistiquement. Au Moyen-Age, l’Istrie devient le berceau de l’écriture glagolitique. L’alphabet glagolitique a été inventé au IXe siècle par les célèbres saints Cyrille et Méthode dans le but de traduire du grec les Évangiles en slavon (ou vieux slave ecclésiastique), lors de leur mission évangélisatrice en Moravie (actuelle République tchèque). Ils ont ensuite poursuivi leur œuvre dans d’autres régions slaves. Ils sont, en somme, les apôtres des Slaves. Au XIIe siècle, le glagolitique cesse d’être utilisé dans les pays slaves - chez plusieurs peuples, comme les Slovènes, il n’a pratiquement jamais été utilisé. Cependant, il conserve une très grande vitalité dans les contrées croates, en particulier en Istrie. Ainsi, le croate s’est écrit jusqu’au XVe siècle en glagolitique, quant il est supplanté partiellement et progressivement par l’alphabet latin. Cependant, le glagolitique perdure jusqu’au début du XXe siècle dans certaines communautés religieuses. Au Moyen-Age, les Croates étaient les seuls catholiques européens autorisés par Rome à ne pas se servir du latin - la langue de la liturgie était le croate, ni de l’alphabet latin. Les plus vieux textes glagolitiques croates, parmi lesquels figurent aussi une très grande quantité d’écrits juridiques, datent du XI e siècle. Certains sont gravés dans la pierre, dont la stèle de Baška (vers 1100), de loin le plus célèbre. La stèle revêt une importance symbolique et historique certaine, car son texte, pour la première fois, mentionne la nation croate. Découverte sur l’île de Krk, elle est conservée à l’Académie croate des arts et des sciences. Aujourd’hui, on peut visiter l’allée glagolitique, un sentier qui serpente sur 7 km au centre de l’Istrie. Crée en 1977, il est bordé de monuments, des lettres gigantesques, des arches et des tables en pierre blanche, qui célèbrent les événements et les personnages clés de la culture glagolitique.
En 1797, Napoléon prend possession de la République de Venise, qui s’éteint, et transforme l’Istrie, ainsi qu’une grande partie de la Croatie et de la Slovénie actuelles en «Provinces illyriennes». Les Français autorisent l’enseignement en langue croate et sont à l’origine du premier journal en langue croate. Ils modernisent considérablement les infrastructures, construisant routes et ponts. Les Provinces illyriennes, administrées par un gouverneur-général, ont pour capitale Ljubljana, aujourd’hui en Slovénie#1. L’administration impériale impose le code civil français et divise les provinces en départements. Le règne napoléonien prend fin en 1813, après la défaite des Français face aux Autrichiens. Pour la première fois, l’ensemble de la péninsule istrienne passe aux mains des Habsbourg. Ils font de l’italien la langue officielle bien que les Croates soient au moins deux fois plus nombreux que les Italiens. Pula devient le premier port naval et militaire de l’Empire d’Autriche, tandis que Trieste, aujourd’hui en Italie, s’affirme comme le premier port marchand et commercial. À partir de 1861, l’Istrie, comme les autres provinces de l’empire, bénéficie d’un parlement régional, installé à Poreč. Toutefois, le suffrage est réservé aux grands propriétaires, en grande partie italiens. Ainsi, la première diète est constituée de 28 Italiens, d’un Croate et d’un Slovène - qui refuse de siéger. Peu représentatif de la population istrienne, le parlement régional permettait néanmoins de contrecarrer les appels, d’une partie des hommes politiques italiens, au rattachement de l’Istrie au tout nouveau Royaume d’Italie.
Ironie de l’histoire, en 1915, par le Traité secret de Londres, ce sont la France, la Grande-Bretagne et la Russie qui promettent l’Istrie et d’autres régions croates à l’Italie en échange de son entrée en guerre aux côtés des Alliés. La résolution 5, qui concerne l’Istrie, se lit comme suit : « lors de la conclusion de la paix, l’Italie obtiendra la région du Trentin, tout le Tyrol du Sud, jusqu’à la frontière naturelle, c’est-à-dire le Brenner, la ville et la région de Trieste, les comtés de Gorizia et Gradisca, toute l’Istrie, jusqu’au Quarnero, Volosca et les îles Chesro et Lussin ». Au lendemain de la défaite et de la dissolution de l’Empire des Habsbourg, l’Italie obtient donc l’Istrie, en dépit des protestations du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, crée en décembre 1918. Après la prise de pouvoir de Benito Mussolini en 1922, les autorités italiennes amorcent une campagne destinée museler la culture slave et décident d’interdire l’usage en public des langues croate et slovène. En 1927, ils obligent tous les Slaves à adopter un nom de famille italien. Les associations culturelles et sportives slaves sont interdites, les salles de lecture croates - plus d’une centaine avaient été fondées au XIXe siècle - sont fermées. La résistance croate est timide, car très difficile à mettre en œuvre. Quelques organisations clandestines sont distinguent toutefois. La plus célèbre est TIGR, acronyme slovène de Trst (Trieste), Istra (Istrie), Gorica (Gorizia) et Reka (Rijeka). Active de 1927 à 1941, le TIGR est considéré comme la première organisation nationale antifasciste en Europe. En 1938, certains membres avaient planifié d’assassiner Benito Mussolini dans la petite ville slovène de Kobarid (Caporetto). En 1997, pour célébrer le 50e anniversaire du rattachement du littoral slovène à la république de Slovénie, le président slovène Milan Kučan a remis au TIGR l’Insigne honorable dorée de la Liberté, l’une des plus hautes distinctions de l’État. Après la capitulation de l’Italie en 1943, de nombreux membres se rallient aux brigades de Tito.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, l’Italie annexe la totalité de la côte croate, mais doit faire face au mouvement de résistance des Partisans, les communistes yougoslaves dirigés par Tito. À la fin de la guerre, les Yougoslaves occupent tout l’intérieur de l’Istrie et une grande partie de la côte - ils conserveront définitivement ces régions. Mais l’avenir des territoires entourant Trieste, baptisés « Territoire libre de Trieste », sera incertain pendant encore plusieurs années. Les forces anglo-américaines contrôlent l’extrémité nord de la péninsule (autour de Trieste), qu’ils baptisent «zone A». Cette zone s’étend jusqu’à la frontière italo-slovène actuelle. Elle constitue l’une des divisions du Territoire libre de Trieste. La «zone B» recouvre une zone côtière contiguë au sud. Elle est administrée par les Yougoslaves. En 1947, l’Italie reconnaît la souveraineté yougoslave sur la majeure partie de l’Istrie, soit les régions en dehors de ces zones au statut temporaire. Pendant sept ans, la zone B se vide peu à peu d’une grande partie de sa population italienne avant qu’elle soit officiellement incorporée à la Yougoslavie (1954). La même année, la zone A devient italienne. Ainsi, la grande majorité de péninsule istrienne (95%) est rattachée à la république de Croatie, un peu moins de 5 % à la république de Slovénie - le reste, quelques lieux-dits au sud de Trieste, à l’Italie.
L’après-guerre est donc aussi l’occasion du premier tracé de frontières entre Slovènes et Croates, selon les limites de leur république respective. En fait, le tracé avait été proposé dès février 1944 par les communistes des deux peuples. C’est la rivière Dragonja qui marque la frontière croato-slovène en Istrie, tandis que plus au nord, une autre rivière, la Kupa (ou Kolpa) délimite les républiques - cette dernière frontière est l’une des plus anciennes d’Europe. Au moment de l’accession à l’indépendance de la Croatie et de la Slovénie (1991), les gouvernements s’entendent pour conserver les frontières terrestres de l’époque communiste. Mais les différends se portent immédiatement sur la frontière maritime. Pendant la Yougoslavie, la mer était considérée comme yougoslave et n’était pas la «propriété» des républiques.
Selon les dispositions de la Convention de l’ONU sur le droit de la mer, la délimitation de la frontière doit se faire selon la ligne médiane, à équidistance des côtes croates et slovènes. De ce cas, en raison de la topographie du littoral, les eaux slovènes demeurent sans contact avec la haute mer, c’est-à-dire les eaux internationales. En effet, ces dernières se trouvent au-delà des 12 milles nautiques pour les Slovènes. En somme, les eaux slovènes sont enclavées par les eaux italiennes au nord et les eaux croates au sud, une situation plutôt fâcheuse et assez rare sur le plan international. Le simple transit des navires slovènes à travers les eaux croates (et italiennes) n’est bien sûr pas entravé, car les bateaux jouissent, comme partout ailleurs, d’un droit de libre passage garanti par les textes internationaux. En 1995, les Slovènes proposent d’administrer la majeure partie de la Baie de Piran et demandent aux Croates de leur octroyer un corridor maritime (à travers les eaux croates) qui leur permettrait d’accéder à la haute mer. Ce projet présente l’inconvénient de priver les Croates de leur unique frontière avec l’Italie et il est donc rejeté par la Croatie. Au contraire, cette dernière réclame l’application pure et simple des dispositions de la Convention de l’ONU sur le droit de la mer.
En 1999, le Secrétaire à la Défense américain, William Perry, se propose en médiateur, mais les deux parties refusent poliment, préférant une résolution bilatérale. En 2001, ce sont les deux premiers ministres, le Slovène Drnovšek et le Croate Račan, qui mènent directement les négociations. La Croatie, plus que jamais soucieuse d’arriver à un accord, fait beaucoup de concessions et décide de céder des eaux croates à la Slovénie. Mais l’accord est décrié par le parlement croate, qui refuse de le ratifier. Sans ratification, il n’a aucune valeur légale, mais les Slovènes le tiennent jusqu’à nos jours pour valide et demandent sa mise en œuvre.
Depuis, des incidents impliquant des navires de pêche slovènes surpris en eaux croates par la police maritime se multiplient. Par certains aspects, ils font penser à l’arraisonnement de bateaux espagnols pour pêche interdite en France dans les années 1980. Seulement, ils sont moins dramatiques, mais très médiatisés. Ces incidents sont particulièrement nombreux en 2004 - pendant l’été, ils sont presque quotidiens. Le 13 septembre de la même année, le premier ministre slovène, Anton Rop, se rend personnellement à bord d’un bateau de pêche au milieu de la baie de Piran. L’opposition slovène, à la veille d’élections législatives, n’y voit qu’une vulgaire « pêche aux voix ».
Cette pêche se poursuit, sur le continent cette fois, le 23 septembre. Au poste frontière de Plonabija, la police procède à l’arrestation d’un groupe de ressortissants slovènes qui refusent, pour la plupart, de montrer leurs papiers d’identité et tentent de franchir la frontière à travers champs. Parmi les Slovènes se trouve Janez Podobnik, l’une des figures de l’opposition slovène et président du Parti populaire slovène. La police croate engage une procédure d’interpellation, mais plusieurs personnes s’y opposent et une bousculade s’en suit. Postée à distance, la télévision slovène filme l’incident et les images sont diffusées le soir même en Slovénie et en Croatie.
Le groupe mené par le parlementaire slovène était venu rendre visite à Joško Joras, qui venait juste de déclarer sa candidature sur la liste du Parti populaire slovène. Ce personnage haut en couleur est un Slovène qui habite en Croatie, dans le hameau de Mlini, tout près de la frontière. Depuis plusieurs années, il ne cesse de clamer dans les médias que sa maison est située en territoire slovène. On ne compte plus les reportages et les articles de presse, slovènes et croates, dans lesquels Joras est mentionné. On en vient à oublier qu’il s’agit d’une personne «ordinaire». En 2002, il est arrêté par la police croate et emprisonné pendant deux semaines pour avoir ramené de Slovénie un lave-vaisselle et refusé de s’acquitter des droits de douane. Aujourd’hui, les gardes frontaliers croates le laissent importer des marchandises à sa guise. Devant sa maison, il hisse fièrement le drapeau slovène lors d’occasions spéciales - désormais le drapeau de l’Union européenne a également trouvé sa place.
Durant l’été 2004, J. Joras, aidé de quelques partisans, avait dressé des barrages sur la route Buje-Piran au niveau du poste frontière slovène, bloquant ainsi pendant plusieurs heures des milliers d’automobilistes (en grande partie des vacanciers) qui s’apprêtaient à quitter la Croatie. Pendant l’incident, le ministre slovène de l’Intérieur lui a rendu visite, ce qui a suscité l’indignation de l’opinion publique croate.
Après ce nouvel épisode absurde, le président croate, Stjepan Mesic, n’a pas hésité à qualifier Joras de « personnage ridicule et instrumentalisé ». Joras s’est ensuite distingué à nouveau en déclararant qu’il allait porter plainte en diffamation auprès des tribunaux slovènes. À cette même occasion, Stjepan Mesic a tenu à rappeler que la Commission Badinter (1991) avait confirmé le tracé frontalier terrestre entre les deux pays.
Mais un contentieux existe aussi effectivement au niveau de la frontière terrestre. Il concerne les sept derniers kilomètres de la rivière Dragonja jusqu’à son embouchure. La Slovénie a des revendications sur quatre hameaux situés sur la rive sud - donc théoriquement croate : Mlini, Buzini, Skrile et Skudelini. Peuplés d’une soixantaine d’habitants, ces hameaux relevaient pourtant administrativement et juridiquement d’une ville croate du temps de la Yougoslavie. Le point litigieux provient de registres parallèles tenus à compter des années 1960. En effet, pour les besoins de l’aménagement des marais salants de la baie de Piran, les registres croates ont été prêtés à la commune de Piran. Celle-ci ne les a jamais restitués. Les Slovènes estiment aujourd’hui que ces hameaux sont slovènes. En 2000, leurs habitants avaient reçu des plaques numériques slovènes à opposer sur la façade de leur maison. Les habitants ont aussi tous obtenu des numéros de téléphone slovènes ; les Croates ont rétorqué par leur suppression et leur remplacement par des numéros croates.
En dépit d’un quasi-statu quo dans la question de la baie de Piran depuis 1991, il y a espoir que le différend croato-slovène soit bientôt résolu. L’arbitrage international, réclamé principalement par la Croatie, est plus que jamais possible, peut-être sous l’impulsion des partenaires européens de la Slovénie. Depuis mai 2004, le différend de Piran est aussi un problème
de frontière qui touche directement l’Union européenne.
L’an dernier, les gouvernements croate et slovène ont mis sur pied une commission chargée d’étudier l’histoire des relations entre les deux pays. Celle-ci est composée d’éminents historiens des deux nationalités. Leurs travaux seront publiés au mois d’octobre. Les résultats de leurs recherches ne manqueront sans doute pas de montrer que Slovènes et Croates ont entretenu d’excellentes relations. À l’échelle de l’Europe, ces relations sont exemplaires - bien meilleures, par exemple, que celles que la France a entretenues avec certains de ses voisins. Il y a donc raison d’espérer que l’Histoire apaisera les esprits et fera taire les nationalistes des deux bords.