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« J’arrive à faire face à à peu près tout »
« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
Publié dans le
numéro I (avril 2007)
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« Où ai-je foutu mon putain de bracelet rouge ? »
Le cri de la Castafiore de la Muzak était si strident que la grande aguille du réveil plaqué or se figea, et le verre se morcela comme du givre. Il était déjà onze heures. À côté de son lit, surmonté de gravures tirées du Kama-sutra, il y avait ses sempiternels somnifères, une bouteille d’eau minérale du Centre, et un numéro du People Journal dans lequel un journaliste lacanien avait fait un parallèle entre sa dernière tournée et la destruction des infrastructures libanaises par Tsahal. Madonna Louise Ciccone se mit à hurler après ses domestiques : un quatuor de chinoises qui s’affairèrent en vain et vidèrent une à une les poubelles de la grosse star du dance floor en pestant dans l’argot de la province de Yunnan. La Diva exaspérée prit son portable et tapa le dernier numéro sortant.
- Allo Condie, vieille salope de droite mal blanchie, je n’aurais pas oublié mon bracelet rouge chez toi hier soir, par hasard ?
- Louise, ma chérie, je n’ai pas le temps de me préoccuper de ton chouchou. Non seulement Dick, Karl et Don ont dégueulé dans les chiottes quelque chose de bien, et ont rayé mes CD de Marilyn Manson à force de jouer au frisbee avec, mais en plus, au cas où tu l’ignorerais, nous sommes en plein désaccord avec l’Iran. Je suis dans le salon ovale de la Maison Blanche et Georgie est en train de prier pour le Monde Libre !...
- Ecoute-moi bien, sale pute : si tu ne cours pas chercher immédiatement mon bracelet rouge, je t’envoie un mauvais sort tiré tout droit de la doctrine secrète des nombres !
- Et puis ce n’est pas tout, chuchota Condoleezza Rice d’un ton plus grave. J’ai reçu un e-mail bizarre ce matin…
- Je ne compte plus mes spams, chérie.
- Ce n’était pas un spam… C’était un message de Christian Rosenkreuz. Ca ne te dit rien ?
Madonna eut un moment de silence. Puis elle dit machinalement « Bonne année du Cochon » à la secrétaire d’état et raccrocha.
« Elle a parlé d’un chouchou, pas vrai ? » Elle chercha sur sa tête et retrouva son petit bracelet rouge accroché à ses cheveux.
Et c’est alors qu’Elvis Presley lui apparut.
« Little sister, lui dit le King, tu connais l’histoire de la nana qui va voir un prêtre et lui dit qu’elle a fait tomber sa tartine de beurre, mais que, alléluia, ce n’était pas du côté du beurre ?
Madonna fit « non » de la tête.
« Le prêtre la regarde et lui répond : c’est qu’elle tombée du mauvais côté… »
Puis il marqua une pause et ajouta : « Bonne année du cochon à toi aussi… »