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  • Le museau de la taupe
    Le Mucem, muséum d’histoire culturelle ?
    Le Mucem montre son museau — et il est empaillé. La taupe est un animal aveugle qui creuse des galeries et fragilise les terrains. C’est aussi un espion dormant, quelqu’un d’infiltré que l’on ne voit pas. C’est encore la Taupe, le mouvement insurrectionnel clandestin qui, au moment-clé, fera éclater la vérité des jours meilleurs. Apparemment, un animal sans transcendance dont la peau douce vaut moins que celle du lapin. Le grand problème que pose le musée des Civilisations de l’Europe et de la (...)
     
  • Disette (juin 2011)
    La langue édicte ses conditions. À trop l'entendre, par un phénomène d'hyperacousie, il est possible de confondre ce qui est mystérieusement enfoui dans les phonèmes (les sons qui font les mots) et ce qui se matérialise dans leur résonance. Frontière et bordure sont constamment déplacées, étant dans les têtes. La mémoire d'une langue draine de drôles de choses. Si le fruité d'un jeu de mots s'entend dans un seul idiome - la musique alloue de la surenchère, ou pas -, il n'en est pas moins troublant que le refoulé de l'inconscient d'une langue claque tel une oriflamme. La libre (...)
     
  • Disette (janvier 2011)
    La réputation du fort de Vincennes n'est plus à faire. Dans ses fossés, le duc d'Enghien a été assassiné. Y a longtemps siégé le Tribunal Permanent des Armées. De mémoire et de plume, le lieu suinte le bannissement. Pour les trois jours des apprentis bidasses, les complots occultes et les sessions de recrutements sauvages en contre-espionnage, le fort a toujours servi, à proximité de la capitale, de verrou vers l'Est, de cachot privilégié et de réserve souterraine. La DST y a longtemps séjourné. La cartoucherie nationale dont une troupe de théâtre a fait son blason, tout du bois et de son donjon respire (...)
     
  • Un viager du regard
    Chaque catastrophe s'entoure de cernes qui forment une pluie acide de signifiants. La dernière tempête a confirmé la fragilité du littoral : l'océan joue des tours, violent et déroutant, il peut abuser de ceux qui le côtoient tel un paysage sauvage, le considérant comme un viager du regard. Dans une anse de trente-cinq kilomètres en face de l'île de rupins de Ré, trois lieux aux noms à la forte charge symbolique : La Faute-sur-Mer, L'Aiguillon-sur-Mer et Charron. Ce dernier rame avec constance sur le fleuve Styx et chasse à coups d'aviron les cadavres flottants (39 exactement), il augure et clôt (...)
     
  • Les enfants et le droit à l’image
    Suite au courriel de trois internautes qui souhaitent plus d'explicitations comme disent les Québécois au sujet du parcage de la petite enfance, je vous livre le fabliau suivant. Jeudi 1er avril, carnaval à l'École Bernard Cadenat (avec un t) à la Belle de Mai à Marseille City, tous les parents sont conviés à une sarabande. Leurs bambins coiffés, attifés de cartons et paillettes, qui en chat en Zorro ou en singe. Il y a beaucoup de monde, soixante enfants en folie, sevrés de tagadas et de marbrés. Cela fait beaucoup de parents qui se doivent d'être heureux et fiers ; certains sont venus avec des appareils (...)
     
  • Disette
    Une nouvelle directive vient renforcer l'arsenal orthopédique de la morale publique visant la petite enfance. Tout bambin poussant des cris irraisonnés, tapant les autres, répondant à ses parents, devra être signalé aux services sociaux. Bien que retoqué par les sénateurs, le projet de loi instituant le dépistage de risques de "formation de malfaisance" continue son petit bonhomme de chemin. Une officine étrange a été créée en mars 2008 : l'Observatoire des risques de développement. La définition du sujet à risques selon son milieu, son manque d'éducation, son origine raciale ou ethnique, (...)
     
  • Au magasin des curiosités
    Au magasin des curiosités, le sexe est roi. Activité qui signe l'individu dans sa pratique sociale et intime, l'érotisme est un des derniers prés carrés à être conquis par la grande distribution. Dans les pays dits développés, un commerce florissant voit son taux de profit bondir : la boutique de cul soft. Sous couvert de lingerie fine et de vente d'articles coquins, sans encourir pour l'amateur l'opprobre du caractère clandestin du sex shop et de la pornographie hard core, un nouveau type d'échoppes s'affiche dans le centre des métropoles et des villes moyennes. Je suis allé à la (...)
     
  • Une faconde bien joufflue
    Par quels moyens distingue t-on quelqu'un en bonne santé de quelqu'un qui l'est moins ou pas du tout ? La parole sur le corps donne un aperçu du désarroi affectif qu'une société de flux ne peut plus endiguer. Faute d'être perçue à son éclosion, la doléance se déploie en rhizome. Le mal portant doit parler. Dans la plupart des organismes sociaux, Pôle emploi, CAF, office HLM, retentit la clameur d'une plainte. Le désarroi ne peut s'exprimer que par une atteinte au dernier barrage, le bien intangible avec lequel nous sommes venus au monde : le corps. Quand règnent la prescription et (...)
     
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