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Publié dans le
numéro II (mai 2007)
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La guerre d’Algérie a bonne presse. Le sujet fait vendre et, en ce mois de mai 2001, la polémique gonfle autour du livre d’un ancien des services spéciaux en Algérie, le général Paul Aussaresses.
C’est six mois plus tôt que cet officier supérieur était entré dans l’arène médiatique. Le 23 novembre 2000, il apparaissait aux côtés du général Jacques Massu, dans les colonnes du Monde, afin de témoigner officiellement de l’existence de la torture pendant la guerre d’Algérie. Cet entretien faisait suite à deux mois d’entretiens et de confidences faites auprès de Florence Beaugé et leur publication précédait, de quelques jours, une émission sur France Culture. Après l’entretien de Louisette Ighilahriz qui, le 20 juin 2000, évoquait les séances de torture et de viol subies au siège de la 10e division parachutiste à Alger en 1957, après la reconnaissance, deux jours plus tard, par Jacques Massu de l’existence de la torture et de ses regrets, après la publication dans L’Humanité le 31 octobre d’un appel de douze intellectuels pour une reconnaissance officielle de la torture en Algérie, ces déclarations avaient valeur de reconnaissance publique sinon par l’armée, du moins par certains de ses officiers les plus gradés. Toutefois, là où Massu regrettait, Aussaresses justifiait. Le débat semblait ouvert. Durant l’hiver, émissions, sondages, dossiers spéciaux d’hebdomadaires vinrent le rappeler, à défaut de le renouveler.
Les confessions de Paul Aussaresses, transcriptions d’entretiens avec des historiens du Service Historique de l’Armée de Terre, n’auraient donc pu être qu’un nouvel épisode. Il y faisait quelques révélations, notamment sur les circonstances des assassinats, en 1957, de Larbi Ben M’Hidi, chef politique et militaire de la région d’Alger et de l’avocat Ali Boumendjel. Il renouvelait sa justification de la torture. Mais, alors même que Jacques Chirac avait été silencieux en novembre 2000, il décide de réagir très vite, et le 4 mai, il demande des sanctions contre Aussarresses, pensant peut-être gêner Lionel Jospin, qui avait rejeté la création d’une commission d’enquête sur la torture en novembre. Mais le Premier ministre condamne également les propos et le livre. Il annonce aussi que des mesures disciplinaires sont à l’étude. Elles aboutissent le 8 juin à la mise à la retraite pour mesure disciplinaire du général Aussaresses. Entre temps, la polémique a gonflé et, à côté des articles, des émissions de télévision, des témoignages, des dénonciations, plusieurs plaintes sont déposées. D’abord pour crime contre l’humanité et le 17 mai pour apologie de crime contre l’humanité. Les ministres de l’époque sont incriminés, au premier rang desquels François Mitterrand, alors ministre de la Justice. Les suites de l’affaire seront d’abord judiciaires. En 2002, Aussaresses et ses éditeurs sont jugés par la 17e chambre correctionnel de Paris et condamnés. En 2003, la condamnation est confirmée en appel. Et le 14 juin 2005, un décret présidentiel l’exclut de la Légion d’honneur. D’un point de vue éditorial, Aussaresses s’en sort mieux : 102.000 exemplaires de son livre ont été vendus et le général a empoché 150 000 euros de droits d’auteurs...