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Grothendieck mon trésor (national)
Publié dans le
numéro VII (déc. 2007-fév. 2008)
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Le 31 décembre 192, il y a tout juste 1815 ans, lors d’une Saint Sylvestre que l’on ne fêta pas pour des raisons de calendrier(1), l’empereur Commode, qui curieusement ne l’était pas vraiment, se faisait assassiner par la chrétienne et dévote Marcia, sa concubine. Que Commode ne fut pas commode est un fait que peu contestent : il est connu que les crucifixions et les pendaisons en tous genres faisaient son divertissement (2) ; il aimait se travestir en Hercule et mettre en scène d’obscène façon sa virilité ; il établissait aussi avec beaucoup d’attentions des listes de personnes à occire. Mais le fait de folie le plus accablant est qu’il demeure certainement l’un des cas de TOC les plus anciennement connu ; l’on raconte qu’il prenait quotidiennement sept bains par jours (3) ! Marcia, que Saint Hippolyte, celui qui inventa le concept d’anti-pape, considérait comme l’une des plus exemplaires chrétiennes de son temps, ne disposait pas de la vocation de martyre qui communément faisait le mérite de son credo : lorsqu’elle découvrit son propre nom sur la liste de l’empereur, elle prit les devants et lors d’une séance de bain, la belle et bonne Marcia apporta à son concubin d’empereur une coupe de vin empoisonné. La robuste et naturelle constitution de Commode ne fut cependant pas mise à mal : Commode s’effondra mais le plan échoua ; il dégorgea. Aussi, Marcia dut faire appel au géant Narcisse, un grand bêta qui passait par là, pour que celui-ci strangule le moribond. Enfin Commode rendit l’âme ; la chrétienne eut enfin raison du Romain. Le crime de Narcisse exécuté, il fut relaté par Septime Sévère, qui, chose étrange encore, était plutôt commode – ces Romains sont étonnants ! ; ceci prouve une fois encore que l’Histoire, lorsqu’elle le veut, peut ne pas être revancharde !
(1) Le pape Sylvestre Ier n’ayant pas encore consenti à naître.
(2) Commode appréciant les penderies, l’histoire est célèbre !
(3) M. Otto-Kurt Müller, élève du grand Mommsen, avance dans son Kaiser Commodus (Stuttgart – 1901) que l’empereur était également trichotillomane. Fait que j’ose mettre en doute au regard des nombreuses représentations qui nous sont revenues de Commode et qui le montrent invariablement nanti d’une chevelure épaisse et abondante ; au plus, peut-être était-il vrai qu’il s’arrachait quelques poils de sourcils, et encore, pas de quoi en faire un trouble obsessionnel compulsif ; la baignoire sept fois par jour, d’accord, je veux bien, mais la trichotillomanie, ne poussons pas, M. Müller !