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« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
Publié dans le
numéro IV (ÉTÉ 2007)
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Le 15 août 778, il y a tout juste 1229 ans, sur la chaussée romaine menant à Roncevaux, lors de la retraite des légions franques revenues riches et repues de leur mission « Vent de fraîcheur sur Cordoue », les Palatins de Charlemagne, ceux-là mêmes qui formaient le gros des troupes franques, furent si soudainement surpris par une embuscade rondement tendue, que tout le monde, en deux temps, trois mouvements, passa sous le fil des cimeterres d’ignobles mahométans à l’affût et sans scrupules. Et la belle et estivale occasion de casser du sarrasin en Espagne de se terminer fâcheusement dans la forêt de la montée du sommet d’Alto Biscar, sans même une opportunité de sortir l’épée du fourreau, tout juste fut-il accordé au préfet de la Marche Bretonne, le bien-nommé Roland, de souffler toute son indignation dans un cor, le soir au fond des bois, Dieu que ce fut triste, ah ! les salauds, les salauds ! Tout avait été si bien préparé et mené ! N’avait-on pas, alors qu’il s’était engagé à répondre aux appels au secours des chrétiens d’Espagne, baptisé Charlemagne le nouveau Moïse, libérateur du peuple de Dieu ? Et n’avait-on pas été, garanti par la bénédiction de sa sainteté papale Hadrien Ier, jusqu’à Paderborn, dans le wali de Saragosse, enthousiaste et hardi, sauver ceux menacés par les musulmans, de ces abominables musulmans aux douteux goûts berbères qui n’avaient pour but que d’imposer leur ignominieuse vision du monde ? Et n’avait-on pas de probante façon fait trembler l’Espagne entière, avec moult villes prises, citées assiégées et régions décimées ? N’était-on pas allé pour se conforter une retraite jusqu’à prendre Ibn al-Arabi en otage ? Voilà ce que l’on se disait encore quand, assaillie par les javelots et transpercée par les dagues, l’arrière-garde franque essuyait l’inattendue attaque. Et le valeureux Roland, moribond, avachi dans son sang, le souffle court, de hurler au monde : « Pôôhôô... Pff ... » ce que bien entendu personne, sur l’instant, ne réussit à traduire, mais qui voulait dire : « C’était pas des Arabes... C’est les Basques qui m’a tué... ». Car, oui, si le Mahométan est barbare, le Basque, ah ! le Basque ! Il n’y a pas de mot pour le Basque... Et voici comment dans les nombreuses chansons dédiées au bon Roland, on jugea que la rime en « asque » n’était définitivement pas pratique, aussi l’on préféra, pour versifier autour de « Roland », rimer avec « Mahométan ». L’Histoire, ne l’oublions pas, se construit aussi avec les impérieux principes du bon goût !