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Rapport de police concernant le nommé Souchon Alain

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Rapport de police concernant le nommé Souchon Alain

Rapport de police concernant le nommé Souchon Alain
Mis en ligne le mardi 3 février 2009.

Publié dans le numéro 29 (jan.-fév. 2009)

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Rapport concernant Alain Souchon

 

OBJET :

 

Rapport concernant les écrits suspects du dénommé Souchon Alain

J’ai l’honneur de vous rendre compte des investigations diligentées en exécution des réquisitions citées en référence et ayant permis d’identifier et de démanteler une structure clandestine anarcho-autonome basée sur le territoire national et se livrant à des opérations de déstabilisation de l’Etat par des chansons à textes violents. Ce groupe, constitué autour de son leader charismatique et idéologue, le nommé Souchon Alain, est constitué de millions d’individus potentiels : une armée de ménagères que l’on pourrait d’« invisibles », car non identifiées dans leur ensemble dans les fichiers de police. Le groupe obéit à une doctrine philosophico-insurrectionnaliste qui, ayant fait le constat que la société actuelle est « dérisoire » (tel qu’il est mentionné au sein du pamphlet musical intitulé foule sentimentale), a décidé d’user des moyens nécessaires pour que « du ciel dévale un désir qui nous emballe », c’est-à-dire provoquer la chute de l’Etat.

Les faits.

— L’examen de la boîte à gants d’une voiture sise au lieu dit le « Goutailloux » où réside le nommé Coupat Julien, leader incontesté de la mouvance autonome de l’ultra-gauche, permettait la découverte d’une cassette du nommé Souchon Alain. La cassette était dans la boîte à gants de la voiture, à côté de plusieurs textes et musiques anarchistes et libertaires. Le titre de cette chanson était écrit au bic rouge : la cassette semble de toute évidence être une copie illégalement téléchargée, sur un support archaïque corroborant la thèse d’individus vivant en marge de la société et refusant ses progrès technologiques tels que cd, mp3, téléphones portables, etc.

— Le nommé Souchon Alain, auteur de ladite chanson, aurait en outre été aperçu à bord d’une voiture Audi en Seine-et-Marne, non loin du réseau d’une voie ferrée, cible potentielle de la mouvance anarcho-autonome. Ce fait nous a conduit à procéder à des recherches sur et à proximité de cette voie, recherches n’ayant amené à la découverte d’aucun engin explosif. Cependant, l’analyse complète des écrits semble corroborer les suspicions portées à l’encontre du nommé Souchon Alain, qu’il semble utile d’incarcérer à titre préventif pour procéder à un interrogatoire. Il est par ailleurs envisagé de procéder à une analyse des fichiers de magasins de vente de disques et de sites de téléchargements afin de déterminer la liste exhaustive des acheteurs de ce pamphlet musical.

L’enquête textuelle.
  Ah la la la vie en rose / Le rose qu’on nous propose
Immédiatement un rapprochement était opéré entre les écrits du nommé Comité Invisible et les phrases précédentes. Le rose étant de toute évidence les années socialistes (François Mitterrand). Le cri « ah là là » traduit la pensée de la mouvance ultra-gauche radicale : la déception engendrée par le socialisme et les partis de gauche traditionnels. On voit là l’émergence d’une frange radicale pour qui la gauche « rose » n’a plus rien à « proposer », et est définitivement liée au libéralisme, ce que le nommé Souchon Alain exprime ainsi :
 D’avoir les quantités d’choses / Qui donnent envie d’autre chose
 Aïeaïeaïe, on nous fait croire Que le bonheur c’est d’avoir
 D’en avoir plein nos armoires Dérisions de nous dérisoires...
 [...] Il se dégage De ces cartons d’emballage
 Des gens lavés, hors d’usage
 Et tristes et sans aucun avantage

Le thème fédérateur de la haine de la société de consommation, du capitalisme et de ses appareils, est récurrent. On a ici la théorisation d’un rejet qui se traduit de manière concrète par des actions concertées à l’encontre des symboles du capital (banques, agences d’interim, sociétés commerciales internationales...)
Qui est le « on » évoqué par le texte ? L’Etat semble visé, le gouvernement, peut-être une personne individuelle, le texte mentionnant à deux reprises : « Il faut voir comme on nous parle (deux fois) ». Faits corroborrés, plus loin dans le texte, par deux phrases grammaticalement incorrectes : « On nous Claudia Schiffer / On nous Paul-Loup Sulitzer ». Il a été découvert que le nommé Sulitzer Paul-Loup a été conseiller de Raymond Barre, et apparaît dans un cliché datant de 1973 en compagnie de l’actuel Président de la République. Des recherches complémentaires effectuées auprès de diverses sociétés permettaient de confirmer que la nommée Bruni-Sarkozy Carla avait défilé en compagnie de la nommée Schiffer Claudia évoquée par le texte. L’hypothèse d’une attaque visant des personnes semble pouvoir donc être confirmé, et doivent engager à la plus grande prudence dans ce contexte de renouveau de la mouvance anarcho-autonome animée par le désir d’un renversement de l’Etat et la mise en place de « désirs » autres.
 Du ciel dévale / Un désir qui nous emballe
 Pour demain nos enfants pâles / Un mieux, un rêve, un cheval

Le dénommé Souchon Alain semble accréditer la doctrine de « blocage des flux » chère aux saboteurs de la SNCF. Il apparaît ainsi l’équivalence « Cheval » = refus du rail et autres moyens de transports modernes = attaque des voies de communication afin de déstabiliser la société. Cette société passéiste à venir étant présentée comme un « mieux », un « rêve », un avènement proche « pour demain ».
Toutes ces assertions concordantes, doublées de la menace « faut pas déconner » (deuxième strophe), semblent signifier un passage à l’acte imminent, et doivent inciter à la plus grande prudence, ainsi qu’à un renforcement des contrôles policiers sur l’ensemble du territoire.
 

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