Dans l’arrière-boutique des ship managers
Dans l’arrière-boutique des anthropologues
« J’arrive à faire face à à peu près tout »
« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
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Au sommaire (pour consulter le détail des rubriques, cliquer sur ce lien) :
TRIPTYQUE
LES NOUVELLES DU MONDE DANS LE VENTRE DE TIGRE
ENTONNOIR TEMPOREL L’équité et le commerce. Le commerce équitable a mis plus de trente ans pour être reconnu. Parfois au prix de compromissions.
JE LÈGUE MON CORPS À LA FRANCE Juppé va-t-il revenir ?
SANS COMMENTAIRES « Les progressistes des beaux quartiers » Assemblée nationale, 3 mai 2006. Immigration et intégration
LE POIDS DES MOTS
REVUE DE PRESSE Course de petits nuages. « Parapluie indispensable presque partout ». Ainsi Le Figaro résumait-il l’actualité du 8 mai : l’actu du ciel, s’entend. Derrière le consensus attendu, la rubrique météo cumule les écarts et les variations, pas seulement saisonnières.
POINT DE VUE Sri Lanka. Reconstruction après le Tsunami.
ENQUÊTE La crise du cinéma français Pourquoi les films de cinéma ressemblent-ils de plus en plus à des téléfilms ? Comment se monte le budget d’une grosse production hexagonale ? Pourquoi voit-on toujours les mêmes têtes sur les écrans ? Qui a décidé de faire mourir le court-métrage ? Pour qui écrivent les critiques de cinéma ? À l’heure du festival de Cannes, Le Tigre a mis son museau dans les coulisses des films français.
MUSÉE OCCIDENTAL Chabracadabrantesque ! En 21 jours comme en 100 jours, soutenons notre premier ministre dans une passe difficile.
PAGE LIBRE Couloir de la mort Dernières déclarations des condamnés à mort au Texas.
PETITES VIES DES GRANDS HOMMES Beckett.
MÉTIERS Le grutier.
LE CANARD DE LA SEMAINE Picsou à travers le monde.
LES GRANDES DATES DE L’HISTOIRE La vierge de Fatima.
OUVRAGE INDISPENSABLE Psycho-tarot.
FAITS DIVERS Vol de joyaux à Amsterdam (le 19 mai).
LE VOYAGE DE MARCO POLO Troisième rêve (Les femmes de Marco Polo).
LES RAYURES DU TIGRE
PORTRAIT Marc, 38 ans, couvreur.
CRITIQUE EN AVEUGLE Errol Bestup.
L’ENQUÊTE Neuvième épisode.
JE SUIS AVEC Mélissa T. & Stephen H.
ALMANACH La vie aux champs, Légumes & fruits & fleurs, le rucher.
YEAR OF THE DOG Vers 21 heures au Ritz.
LES CINQ ERREURS MINUSCULES Prendre un enfant par la main...
ALMANACH Astrologie de Janduz.
MOTS TIGRÉS
PEOPLE Encore une affreuse affaire de pot de vin : Marie-Georges ne serait pas innocente quant au choix de la chanson française sélectionnée pour l’Eurovision.
L’AGENDA DE La vie du Ciel.
EST-CE SI LOIN ? À la une du Al Balad, Beyrouth, le 9 mai 2006.
WIKIFEUILLETON Communiqué de presse.
LA VIE DES TIGRES Détonations.
Libération, 31 mai 2006
Ça reste à voir
« Arrêtons de nous triturer la francitude »
par Olivier SEGURET
Le Tigre est un hebdomadaire curieux de 24 pages sans publicité et paraissant le vendredi (1). Dans son numéro 9, sorti le jour de l’ouverture du Festival de Cannes, il titrait sur cette bonne question : « Le cinéma peut-il être français ? » Plusieurs constats peu patriotes, et présentant le mérite d’une certaine fraîcheur intègre dans leur style, étayaient un dossier qui portait en fait sur la crise du cinéma français : les comédies pas drôles qui cartonnent, la pieuvre Canal, la religion du box-office, la complaisance critique, etc.
Quinze jours plus tard, de retour d’un Festival dont tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’il fut globalement médiocre, on songe à la question que le Tigre posait, mais reformulée à la lumière de l’expérience cannoise : comment le cinéma français peut-il l’être et à quoi ressemble-t-il quand on le juxtapose à tous les autres ?
Etre français, pour notre cinéma, cela consiste de plus en plus à se triturer la francitude. Contrairement à une idée reçue, le jeune cinéma français réputé auteur n’est pas le plus nombriliste. Tout le cinéma mainstream français, et particulièrement celui de comédie, semble foncer tête baissée dans la soupière identitaire, narquoisement placée sous le signe du Gaulois Astérix, plus grosse recette locale à ce jour. Depuis ce triomphe, c’est un déferlement continu de variations franchouilles et protéiformes, dont le dernier exemple est Camping et son écrasant succès. D’ailleurs, sa tête d’affiche Franck Dubosc n’avait pas de film en sélection cannoise cette année, mais il a été incontestablement l’un des rois de la Croisette, et plus précisément du Marché. Malgré ses vingt ans de « carrière » (démarrée sur un coup de tonnerre : A nous les garçons de Michel Lang en 1984), jamais Dubosc n’avait suscité l’envie et l’admiration professionnelle que le monde du cinéma lui a montrées à Cannes cette fois : cinq millions d’entrées, et tout à coup la vérité se fait sur la reconnaissance d’un immense talent...
Certes, le cinéma français a toujours développé un égocentrisme plus ou moins douteux, mais la tendance s’accentue nettement et cela ne peut pas être un pur hasard. Ses sujets sont toujours plus réduits à de fantasmatiques microcosmes français, nostalgiques, où toutes sortes de connivences hétéroclites s’agrègent arbitrairement (comme dans la chanson de Marc Lavoine : C’est ça la France).
Le Camping de Dubosc d’aujourd’hui, c’est le Club Med des Bronzés d’hier. Mais ces derniers n’ont pas disparu, au contraire : vingt-six ans plus tard, leur troisième pression, Amis pour la vie, domine encore largement l’élève avec dix millions d’entrées. Déjà, Camping 2, signé à Cannes, menace... A ce rythme, on n’ose imaginer le paysage de la franchouillardise dans un autre quart de siècle.
(1) Le contenu des anciens numéros et les points de vente sur www.le-tigre.net