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« J’arrive à faire face à à peu près tout »
« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
Publié dans le
numéro III (juin 2007)
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1811, Raiding, Hongrie : Adam inspecte à cheval les moutons des Esterházy. Des tziganes prédisent à sa femme la naissance d’un grand homme. Anna enceinte tombe dans un puits : mais Franz Liszt naît. Malade, Liszt donné pour mort, le charpentier du village construit le cercueil : mais Liszt vit. Le piano s’abîme à cause de l’humidité de la maison. Lorsqu’on demande à Liszt, cinq ans, ce qu’il veut faire dans la vie, il répond « comme lui », en montrant un portrait de Beethoven. Liszt manque de se tuer en faisant exploser un fourneau avec de la poudre. Liszt joue devant Beethoven qui lui dit Diable d’enfant, tu es heureux car tu feras le bonheur des autres. Cherubini refuse de le prendre pour élève au Conservatoire de Paris car z’ai horreur des enfants prodizes. Après son premier chagrin d’amour, l’Invitation à la Valse de Weber le sauve de Dieu et du désespoir. Les dames s’évanouissent pendant ses concerts et entre ses bras. Liszt surnomme la svelte Marie d’Agoult Longinus. Elle cache vingt pieds de lave sous six pieds de neige et, munie d’un faux-passeport qui la rajeunit de trois ans, le rejoint à Genève. À la villa Médicis de Rome, il accompagne le violon d’Ingres au piano. En 1839, Liszt a vingt-huit ans et trois cent cravates, deux pianos à queue, une berline rouge et jaune, des cols blancs rebatus. Les Hongrois grimpent dans les arbres pour le voir à son balcon. Les jardins de Bordeaux sont dévastés pour lui confectionner des pluies de fleurs. S’étant foulé le poignet gauche, il donne un concert de la main droite. Les dames portent son médaillon en broche ; on le surnomme Monsieur Lits. Parmi elles, Madame Hanska pense que ce qu’il y a de mieux en lui, c’est le suave contour de la bouche. Chez le tzar, comme le souverain bavarde pendant qu’il joue, il s’arrête : Sire, quand Votre Majesté parle, le monde entier fait silence. Liszt boit de l’eau de source de Rütli avec Wagner. L’abbé Liszt célèbre son entrée dans l’Église en fumant le cigare dans son appartement du Vatican. Déjà laide, Carolyne dite La Princesse, son deuxième amour, enlaidit encore. Ses élèves sont éperdues ; Liszt en plaisante : elles s’aiment toutes en moi. Jusqu’à ce qu’Olga arrive vêtue de crêpe de chine blanc, après avoir traversé la Toscane en frissonnant de plaisir. Il fume avec elle le cigare près du tableau de la Vierge des Sept Douleurs sans craindre de les abîmer puisque c’est pour eux comme une variété d’encens. Tente d’échapper au démon des excitations et des émotions extrêmes. En vain : la demoiselle se déguise en garçon jardinier de la Villa d’Este pour le rejoindre. Liszt distribue des piecettes aux enfants, dans sa soutane qui le fait ressembler à un magicien. Les puces de lits dont les noms, dit la Princesse, gâcheraient la biographie, persistent. Liszt a un œdème des chevilles. Il le traite au cognac. Ses mains grossissent. Des verrues se posent sur son visage. Il joue au whist avec Wagner. On annonce à Liszt la nouvelle de la mort de Wagner, il répond Et pourquoi pas ? Moi aussi, on m’a enterré bien des fois. Puis : lui aujourd’hui, moi demain. 1885. Liszt voyage en seconde place pour déjeuner avec des princes. Va au théâtre voir Tristan, contre l’avis du médecin. Le médecin fait enlever la carafe de cognac. Sa fille Cosima (Cosima Wagner), lui demande s’il veut parler à quelqu’un. Personne ! Il murmure Tristan, et meurt.