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Frédéric II de Bavière

Frédéric II de Bavière

Frédéric II de Bavière
Mis en ligne le jeudi 7 juin 2007 ; mis à jour le lundi 10 septembre 2007.

Publié dans le numéro II (mai 2007)

1712 : Frédéric naît, vorace et brun. À six ans, son père l’oblige à commander une compagnie de cent trente hommes, lui interdit d’apprendre le latin et d’utiliser du savon. Son père dit Je voudrais savoir ce qui se passe dans cette petite tête. Frédéric a douze ans, sur ordre de son père, il fait des exercices physiques pour contraindre ses manières de petit marquis français. Son père lui tapote les joues, les tapes se transforment en gifles. Lui fait baiser ses bottes. Lui lance une assiette à la tête. Frédéric tente de déserter. Son père l’appelle coquin, canaille, gredin, et fait tuer son acolyte de fuite, Katte, devant ses yeux. Retour à la case départ, sous liberté très surveillée. Son père dit Mauvaise herbe pousse toujours. Frédéric demande l’autorisation de porter des vêtements plus légers. Refus : c’est une mode française. Frédéric n’a pas le droit de boire du vin, mais on lui trouve du champagne. Frédéric découvre un petit miracle de la nature en Mme de Wreech qu’il appelle cousine. Son père lui trouve une princesse pas laide, mais pas belle non plus. Frédéric la rencontre, il se plaint de ce qu’elle danse comme une oie. On essaie de le convaincre que la gorge s’achèvera avec les années. En 1736, Frédéric s’établit au château de Rheinsberg où il est si heureux qu’en cas de mort, il souhaite que l’on inscrive ci-gît qui a vécu un an. Il surnomme ses amis Césarion, Apollodore, Hêphaistiôn, Cygne de Padoue, Chasteté, Diaphane, le Diable. C’est bal, mascarade et musique à toute sauce. Frédéric se couche à minuit et se lève à quatre heures du matin. Il tente de vaincre le sommeil par le café pour travailler plus encore. Le 8 août 1736, première lettre à Voltaire. Lequel l’appelle moderne Alcibiade. Frédéric offre à Voltaire un buste de Socrate. Frédéric envoie ses poèmes, Voltaire en corrige les coquilles : il y a toujours quelque petite virgules, quelques points sur les i à mettre. Signale les fautes des doigts et non de l’esprit. Frédéric II, 1,58 m, est maintenant roi. Muni de faux-passeport, il se rend en France sous le nom de comte Dufour, et loge à l’Hôtel du Corbeau, à Strasbourg, où il fait le touriste. Rentre en Belgique, où il reçoit Voltaire qui voit un petit homme affublé d’une robe de chambre de gros drap bleu, malade, suant sous une méchante couverture. Voltaire décrit à un autre Frédéric comme une respectable, singulière et aimable putain. Quelques guerres et années plus tard, Frédéric est à Sans-Souci. Il a exilé sa grognarde pimbêche de femme dans un château lointain. Lorsqu’il la revoit, il lui dit : vous êtes, madame, devenue corpulente et, la présentant : vous connaissez déjà ma vieille vache. Ses relations avec Voltaire aussi sont devenues quelque peu vieilles vaches. Frédéric donne des dîners philosophiques, dont Voltaire dit, on croirait y entendre les sept sages de la Grèce au bordel. Frédéric dort sur un lit de camp et se fait réveiller par un laquais à cinq heures du matin avec une serviette mouillée. Frédéric porte un uniforme usé, avec des traces de tabac. Frédéric se fait envoyer des brocolis d’Italie, et boit du café avec de la moutarde. Frédéric parle volontiers de ses crises d’hémorroïdes. Frédéric entretient des danseurs italiens et la Barberina qui, dixit Voltaire, a des jambes d’homme. Frédéric compose 121 sonates et 6 concertos pour flûte. Jean-Sébastien Bach arrive chez Frédéric, qui lui demande d’improviser sur un accord dissonant, Bach refuse ; de retour à Leipzig, Bach lui envoie une Offrande musicale avec une méchante dédicace. Nouvelle guerre : la cavalerie ne charge plus au trot mais au galop. Frédéric, vieillissant, prend le marquis d’Argens par le bout du nez et lui fait faire plusieurs fois le tour de la pièce. Frédéric offre la dernière bouteille de vin de Hongrie de la cave de son grand-père à un ami. Vieux Fritz, comme l’appellent ses sujets, prend de bains de foule, laquelle il appelle canaille en privé : prenez un vieux singe sur un cheval et faites-le chevaucher à traver la ville, le peuple accourra pour le voir. En août 1785, Frédéric, qui a fait installer un fauteuil au soleil à Sans-Souci, se déplace avec une canne et ne dort plus, demande à monter son cheval Condé. En rentrant, il vomit. Ses signatures officielles deviennent illisibles. Il dit la montagne est passée, nous irons mieux et meurt dans les bras d’un hussard. Frédéric avait demandé à être inhumé à Sans-Souci, à côté de ses lévriers Biche et Alcmène. Mais son corps a rejoint celui de son père, à Postdam.

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