Dans l’arrière-boutique des ship managers
Dans l’arrière-boutique des anthropologues
« J’arrive à faire face à à peu près tout »
« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
|
1896 : Marcel Proust est en cure ; il n’a
pour ami qu’un « très gentil
coiffeur ». 1898 : Proust ne peut marcher pieds nus dans sa salle
à manger : il s’est disputé avec sa maman et a cassé un vase de Venise. La
dispute était due à une photographie où « assis
et heureux comme un gros chat, il est contemplé amicalement par Robert de Flers
et amoureusement par Lucien Daudet ». 1899 : logé à l’Hôtel
Splendid, au bord du lac Léman, Proust est inquiet : il n’est pas sûr
d’avoir des épingles de cravate dans sa valise. Plutôt que de regarder à
l’intérieur de sa valise, il écrit une lettre à sa maman, dans laquelle il lui
demande par la même occasion si la valise contient des cravates blanches, « dont de toute façon il n’aurait pas
besoin », et s’il devrait, ou non, acheter des éponges. Guerre de
1914-1918 : ayant appris que les civils allaient être employés aux champs,
Proust dit à Truelle « me voyez-vous
conduisant une charrue ou dirigeant la conduite des vendanges, moi qui ne puis
m’approcher d’une fleur sans succomber instantanément sous un flot
d’éternuements ? » 1919 : Proust a une laryngite ; il
se déclarant mourant et court dîner au Ritz. 1920 : Proust tambourine avec
sa canne à la porte d’un hôtel de Montmartre. Craignant que la logeuse ne
dépose une plainte pour tapage nocturne, il tente de se faire pistonner auprès
de la préfecture de police. 1921 : Proust consulte l’orthophoniste
Babinski, qui lui fait prononcer « constantinopolitain »
et « artilleur de
l’artillerie ». Par ailleurs, Proust perd « le sens thermique » : par une canicule telle que le
défilé du 14 juillet a été annulé, il écrit « sous
sept couvertures de laine, une fourrure, trois boules et du feu ».
1922 : Proust boit une bouteille de porto 345 au Ritz en racontant qu’une
Américaine lui a écrit « cher Marcel
Proust... dites-moi en deux lignes ce que vous avez voulu dire ».
Cette même année, Proust dîne presque tous les soirs au Ritz, dont il met les
cafards en fuite.
Le 11 octobre, il tousse « plus de trois mille fois ». Le 18 novembre, comme on
vient de lui faire une piqûre, Proust pince Céleste, à qui il avait demandé de
veiller qu’on ne lui en fasse aucune, pour lui avoir désobéi.
Proust meurt. Au journal L’Intrinsigeant du 20 juillet 1922 qui avait demandé quatre mois
avant « Et si le monde allait finir... que
feriez-vous ? », il avait répondu : « La vie nous paraîtrait soudain délicieuse, [...] nous ne manquerions pas de visiter les
nouvelles salles du Louvre, de nous jeter aux pieds de Mlle X..., de visiter
les Indes. Le cataclysme n’a pas lieu, nous ne faisons rien de tout cela, car
nous nous trouvons replacés au sein de la vie normale, où la négligence émousse
le désir ».
Source : Jean-Yves Tadié, Proust,
Gallimard, 1996.