Dans l’arrière-boutique des ship managers
Dans l’arrière-boutique des anthropologues
« J’arrive à faire face à à peu près tout »
« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
— Les néons sont un peu forts, mais on peut pas les dimmer.
— Ne montre pas les lustres, ils ne veulent pas que ça fasse Versailles.
— Les drapeaux, on les recule dans le même axe ? On descend la marche ?
— Chuis désolé les cocos, vous allez vous faire chier. Mais bon : vous pourrez écouter votre président.
— La fresque est très orientale, ces chevaux cabrés...
— On peut l’éclaircir.
— C’est le thème qui est oriental, pas la couleur. Sinon on aurait mis de la bombe à matter. Mettez un rideau rouge.
— Et qu’est-ce que tu veux que je fasse si j’ai pas de VL 3000 ?
— Le président fait du sport et ne désire pas être photographié.
— Cette salle est une verrue sur un édifice charmant.
— Les journalistes ne vont pas dépasser, tu rêves : ils vont se fliquer mutuellement, si l’un d’eux est trop long, il va se faire assassiner par les autres ? Non, le seul pépin qu’il pourrait y avoir, c’est que Sarko se lance dans un tunnel.
— S’ils continuent comme ça, ils vont perdre Fogiel.
— T’as le retour TF1, France 2, M6. France 2, chuis pas en seize neuvièmes. On n’est pas sur LCI ?
— Non. Ce sont des chaînes secondaires.
— S’il reste de la place, mets Canal, comme ça j’aurai le Grand Journal. Pourquoi j’ai pas de couleur ? Déjà que j’ai pas le bleu dans le champ.
— J’ai un retour de ce qu’on envoie.
— Je te rappelle qu’évidemment, il faut jamais jamais jamais que le président soit coupé.
— Bertrand, t’as les faces ?
— Je viens de donner quatre mille euros au fisc, je trouve qu’ils auraient pu changer la moquette : depuis que je suis dans le métier, c’est la même.
— Mets ton casque. On change la tige des drapeaux.
— Pujadas, il est tout petit : il sera caché.
— Qu’est-ce qu’ils me font avec ce drapeau à la con ?
— Votre plaque, c’est un tastevin ?
— Attends, il est pas plus petit que le président.
— Non, pas du tout, on branle rien. On sera occupés à vingt heures quinze, pas avant.
— Risque zéro ; tu fais avec et sans accent. Quoi ? A-U-G-E-R : t’es sûr ? Qui dit ça ? La chaîne ? OK. Mais fais gaffe avec le générique de fin.
— Est-ce qu’on peut avoir la cinq au final ?
— Bon, la doublure, il fait quoi par rapport au président ?
— Ah non, les ch’tis, c’est pas moi.
— Sur la quatre, ça se voit vraiment.
— Qui disait que c’était grave, tout à l’heure ?
— Seb.
— Seb ? Mais je croyais que c’était quelqu’un d’officiel ! Remets celui que je veux, dans ce cas.
— J’ai envie d’un royal bacon avec des potatoes et un grand coca zéro : j’ai faim.
— Putain mais ils ont laissé un balai dans la cour ! Mais on va se faire brasser ! Regarde : un balai dans le gravier !
— Bon, on voit un bout de rouge, donc c’est jouable. Assieds-toi en doublure. Élargis un peu, pour choper le rouge. C’est nickel. ... Eh attends, c’est quoi ce panneau rouge sombre ? Putain mais il est pas éclairé ! Viremoi ça ! C’est juste immonde, ça fait des ombres.
— Ça cache les consoles.
— C’est minable. Mais je vire ça, putain je vais démonter toutes ces consoles ! C’est impossible ! Enlevez-moi ça ! ... Philippe, t’en dis quoi ? J’ai jamais vu un truc aussi moche ! C’est impossible ! ... On m’entend, sur le plateau ? Enlevez-moi ça ! J’ai jamais donné l’autorisation de les laisser là ! ... On voit un bout de pont. Fermez un peu les rideaux. Ah non, ce pont-là, je le vois moins. À gauche de la dorure.
— L’antenne est juste sur la tête de Poivre.
— On aurait pu mettre les chaînes d’appartenance pour valoriser France 5 et France 3. Pas les logos : écrit. Essaye. ... Ferme le rideau et on est dedans. Ce qu’on voit, c’est des techniciens. Ils sont tous en veste ? C’est l’axe principal. Gazelle, t’es à ta caméra ? Mets-moi du monde devant et hors-champ. ... Le vrai problème, c’est pourquoi il y a Philippe partout dans la presse. Il est cher, son attaché de presse ? Appelle-le, on va le chambrer. ... Mais vous êtes terribles ! Vous avez décidé de laisser les consoles contre mon avis, vous assumez : vous mettez pas ce tissu rouge ! On voit la technique, on vit avec, si on commence à cacher, on voit tout, ah, y a Brice Hortefeux. ... Un bacon cheese ? Allô ? Tu nous apportes des bacon cheese et du coca light. Non : zéro. Pour le car, pas pour le plateau.
— J’ai la pige de la mort dimanche, onze heures dix-huit heures avec une grande coupure de trois heures.
— C’est quoi ?
— Stade 2. Y a pas de roulage. J’aurais dû mettre un travelling.
— Si on fait une boulette il se passe quoi ? Prison ?
— Contrôle fiscal. Sur trois générations.
— Remets-toi côté journalistes. ... Vous pouvez filmer, trois, quatre, cinq ? Mais pourquoi ils se barrent ? Vous filmez le président. Attends, redresse-toi, s’il te plaît. Fais-le sérieux. Regarde de l’autre côté. Avec l’amorce, gazelle. Mais non, fumier, l’autre. C’est quoi ton plus large ?
— Il y a quatre canards sur la pelouse.
— En plongée, on va pas avoir des problèmes de calvitie sur Poivre ?
— Non, il a... Ça a repoussé.
— On peut voir les lustres, en fait. Mais pas Versailles.
— Attends, t’as vu le décor ? Et tu peux m’expliquer pourquoi on aurait choisi des fauteuils dont on pourrait pas filmer les pieds ?
— À dix-heuf heures on refait le tour des axes. Vous êtes tous libres.
— À table !
— À dix-huit heures il y aura un buffet.