Observez la faune, nagez dans la seine
Colophon d’été
Et ... les griffes du jour :

Vulcain, c’est moi ! gronda le dieu du feu en écartant les nues, puis il abattit d’un coup sa terrible masse sur un caniche abricot auquel sa maîtresse avait d’ailleurs songé dans un premier temps à donner le nom du fruit avant de se raviser, hélas.

Au pied, Rajah ! ordonna Ogier Salloignon pour prouver à ses compagnons l’autorité qu’il avait sur son chien, mais oubliant tragiquement qu’ils étaient alors tous occupés à fouler frénétiquement le raisin de sa vigne.

Selon les statistiques établies par le rédacteur de cette rubrique, il apparaît que 53% des écrasements canins sont dus au comportement irresponsable des automobilistes (excès de vitesse ou de boisson), 45% à l’imprudence des chiens eux-mêmes, les 2% restant concernant des cas avérés de suicide, car l’effroi devant la crucifiante tristesse de la vie n’est pas le privilège des humains. Pour ce frisson comme pour tous les autres, la première échine venue fait l’affaire.

Lucette et Honoré hésitaient sur le nom à donner à leur petit cocker qui jouait là devant eux sur la route. Vint à passer le camion de Sylvain Honhon, déménageur, et leur choix se porta sur Limande.

Je n’ai qu’un seul regret, confiait Enzo Ferrari au crépuscule de sa vie, et c’est de n’avoir jamais pu écraser un danois. Rien à faire, à chaque fois, je passais entre leurs pattes.

La Genèse omet de préciser ceci : lorsque le Créateur du ciel et de la terre ainsi que de tous les êtres qui les peuplent créa le chien, il plaça sottement celui-ci dans le ciel. Le chien ne s’y tint pas une seconde, comme on le suppose, et s’écrasa lourdement au sol. Ainsi peut-on dater très exactement le début de la malédiction dont le rédacteur de cette rubrique s’efforce, semaine après semaine, avec une abnégation qui l’honore, de relater les déplorables épisodes.

C’est qu’il faut en écraser, des épagneuls bretons, pour fournir toutes les crêperies entre Saint-Malo et Douarnenez !

Le rédacteur de cette rubrique à cours de copie a été surpris en train d’introduire dans les niches de son quartier des homards vivants. Il implore la clémence du jury. Ses patrons exigent de lui toujours plus de rendement. Il n’en peut plus. C’est lui qui finira sous une voiture bientôt, vous verrez.

L’ensemble de ces griffes sont d’Eric Chevillard. 

Avec ce numéro 91 du Tigre du jour, le Tigre suspend sa série quotidienne pour prendre quelques vacances. Il vous donne rendez-vous à la rentrée pour la suite de ses aventures.