Dans l’arrière-boutique des ship managers
Dans l’arrière-boutique des anthropologues
« J’arrive à faire face à à peu près tout »
« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
« Le voyage commence à la porte de chez soi. » (Nicolas Bouvier)
Projet de guide de voyage pour des touristes soucieux de trouver des lieux de villégiature d’un nouveau genre. Faites comme notre reporter de choc, testez un week-end dans le métro. Budget des vacances : cinq euros de tickets, quinze euros de boissons, cent euros de podologue à la sortie…
Alimentation
Pour manger, je vais voir dans le couloir central, à côté du Relay, les bistrotiers du métro République, aussi gras et dorés que leurs croissants (1,50 euro les deux). J’ajoute quelques liquides dérobés aux distributeurs de quais (1,70 euros la bouteille la moins chère), en attendant, toutefois, que la machine soit repue. En effet, l’appareil dévore de temps à autre le bras d’un voyageur. Le plus drôle, c’est quand il refuse de régurgiter le bras. Pour la vitamine C, je conseille les fruitiers du métro Nation (à la sauvette dans le couloir de la 2 : les figues les plus juteuses de Paris) et Goncourt (petit appentis ouvert en permanence, tarifs et sourire imbattables).
Amoureux
L’été, les couples sortent dans le métro comme les escargots après la pluie.
B
La 7 bis est la ligne des B. S’y succèdent Louis Blanc, Bolivar, Buttes Chaumont et Botzaris.
Bagage(s) littéraire(s)
J’amène dans mon expédition Le Tunnel de Kellerman (sur le percement du tunnel sous la manche... en 1930. Adapté avec Gabin au cinéma) ; Le Souterrain de Dostoïevski et celui, contemporain, de Michel Ohl (Rêves d’avant la mort) ; et le poème que l’Oulipien Jacques Jouet a composé tout au long d’une journée dans le métro, selon un parcours établi par un mathématicien, en 1998 (Frise du métro parisien). Je pense plus souvent qu’à mon tour aux jeux amoureux de Cortazar, qui décidait de suivre les inconnues en fonction de l’arrêt où elles descendaient, et attribuait des significations secrètes aux correspondances.
Cache-cache
Une station sert de pythonisse aux amoureux, sa forme et son nom garantissant de belles parties de jambes en métro aérien. La Fourche, sise au lieu d’un magistral Y urbain, et où se rejoignent deux branches de la ligne 13, ne possède, dans le sens Nord-Sud (en direction de Châtillon) pas moins de deux quais distincts, et superposés ! L’un pour les trains venant d’Asnières, l’autre pour ceux partis de Saint-Denis. Selon l’inspiration, vous pouvez donc prendre votre métro à deux étages différents de la station. Ils n’ont pas de numéro, ne sont pas référencés dans les guides, et ont tout en commun sauf quarante marches de dénivellation. Bien malins les couples qui sauront s’y retrouver...
Commodités
Toute ma vie m’aura hanté la question des toilettes du métro Madeleine. Classées monument historique, décrites dans tous les guides, mais introuvables et durablement invisibles ! Ayant tenté leur ascension par toutes les faces (sortie du métro par les trois lignes 8, 12 et 14), je demande au service clientèle si « les belles toilettes du métro Madeleine existent toujours ». Chou blanc : la permanente m’indique la direction des cabines automatiques (30 centimes), qui n’ont rien d’historique ni de damasquiné (voir toilette). De fait, les toilettes monumentales du métro Madeleine, construites en 1905 et ouvertes de 10 h à 18 h 15, ne sont pas accessibles par le métro, mais en surface, par un escalier à la droite de l’église du même nom.
Décoration intérieure
Plâtre ou fiente ? Quelles sont ces traces jaunâtres à Saint-Georges ? Les mêmes, à Denfert, et surtout les plafonds rapiécés (des toiles et morceaux de plastique tapissent, d’un quai à l’autre, tout un segment de la voûte) me permettent de trancher en faveur d’une sorte de salpêtre urbain, résultat d’infiltrations malheureuses. Elles dévorent presque entièrement certains murs de Commerce.
Dessin
Dans les tracés particuliers du réseau, il y a le losange de la 7 bis : les quatre dernières stations de la ligne, de Botzaris à Pré Saint-Gervais, forment un losange autour d’un quartier secret et préservé, la Mouzaïa, poche aristo au sein du XIXe populo. Aucune de ces stations n’est à plus de cinq minutes d’une autre. Est-ce pour cela, parce qu’il connaît le quartier comme sa poche, que le train produit cahots et soubresauts ? Il paraît rouler sur un chemin de terre. J’en profite pour faire ma gym dorsale.
Enfants
Il y a ceux qu’un clodo engueule parce qu’ils l’ont réveillé en chahutant. Ceux qui du haut de leurs trois pommes me font les gros yeux pour conquérir ma place. Ceux qui égrènent sur le boulier de leurs doigts le nombre de stations jusqu’à leur home. Et surtout ceux qui se serrent contre moi, à deux sur le même strapontin. Le frère, mauvais garçon de cinq ans, sweat bordeaux, inonde sa sœur, merveilleuse petite star en robe tyrolienne, quatre ans, de bécots, en criant à sa mère : « Mimine, elle fait des bisous ». Je les sens s’écraser avec cœur contre mon épaule.
Enfer
À Olympiades, les deux rames, automatisées, quittent le quai simultanément. Le sol réfléchit sur toute sa longueur un étroit halo blanchâtre du pire effet. Les dégradés lumineux et le quai désert évoquent un univers concentrationnaire. Dans un autre genre, Pré-Saint-Gervais, au quai monorail flanqué d’une voie de garage et d’une construction métallique en surplomb munie de hublots rares et restreints, a un côté est-allemand tout à fait dissuasif.
Fantômes
Il y a des stations fantômes (Croix Rouge, Saint-Martin, Haxo, Martin Nadaud, qui sert aujourd’hui de prolongement indu aux quais de Gambetta, et accessoirement de terreau aux cerisiers de la place). Comme je ne suis pas un chasseur de fantômes, je me contenterai de savourer les sortilèges poétiques de leur nom.
Gens
On croise dans le métro un nombre incalculable de sosies d’amis.
Hasard
Les escaliers de la 11, à Châtelet, sont constellés de billets de Loto et de Keno. Peut-être ceux que des enfants vendaient 30 centimes à la sortie de Belleville, il y a quelques jours ? La chance sourit à ceux qui prennent le métro.
Hôpitaux
Beaux points de vue sur Lariboisière (ligne 2) et sur la Salpêtrière (ligne 5).
Lieux
Où lire ? À la station Passy ; en bout de quai, dans les les deux « salles d’attente » du métro Châtillon. Où prendre l’apéro ? Sur les bancs miniatures de Louvre Rivoli. Impression d’être assis sur une table basse, avec ses antiquités à portée de main. Où écouter de la musique gratuite ? Belleville et Place Clichy bénéficient toujours d’une solide programmation musicale, la RATP ayant conclu à la suite d’une étude que le classique avait tendance à faire fuir les sans-abri. Où dormir ? Pour les personnes de petite taille, sur les bancs du métro Pyramides.
Lumières
Les lumières d’aquarium de la station Olympiades donnent l’impression, quand on s’y arrête, que le plafond de la rame s’abaisse graduellement ; on ne verrait pas moins dans un sous-marin. La lumière est projetée sur les voûtes, d’où elle redescend, et sur des murs de verre qui la gardent jalousement. À Pont de Saint-Cloud, la lumière, plus raréfiée encore, dépend de demi-globes perchés bien plus haut que les voitures, surmontant des pylônes oranges dont on ne voit pas le bout. Plus optimistes, les trois systèmes d’éclairage différents qui ornent la station Wagram : les projecteurs renversés, les lampes fines et décharnées qui s’alignent sur toute la longueur du quai (type le plus commun de l’éclairage métropolitain), et de petits tubes halogènes échelonnés le long de ce dernier.
Manèges
Les attractions les plus populaires sont la chenille du Quai de la Rapée (dont le fameux virage de la mort, au niveau de l’Institut médico-légal, prélude à une descente tout schuss vers Austerlitz, ligne 5) et les montagnes russes de Mirabeau (ligne 10) : la voiture qui va de Boulogne à Austerlitz s’arrête normalement, celle qui va dans le sens inverse franchit sans arrêt la station et gravit la pente d’Église d’Auteuil sans diminuer sa vitesse ; pour peu que vous soyez dans le sens inverse de la marche, le vertige vous saisit, et l’excitation est à son comble.
La vision croisée des deux rames, l’une descendant, l’autre montant, est épique : elle évoque la mine, les anciens garages en spirale, et l’attraction foraine. Le train qui monte, où l’on voit à peine émerger quelques cheveux, a tout d’un train électrique. La grille qui sépare les deux voies est d’un bleu outremer qui ferait honneur à un magasin de jouets. Les voûtes qui se succèdent sont de plus en plus hautes, et au moment où les deux tunnels se séparent (à l’Est, donc), dessinant une diagonale de la station, le plafond est presque celui d’une cathédrale.
Outre le tapis rapide de Montparnasse, qui servirait de base à un Train fantôme, possibilité de développer des roulettes russes (avec les ascenseurs de Cité) et des labyrinthes (pour le passage de la 5 à la 10 à Gare d’Austerlitz par exemple).
Marne
Combien de fois le métro aérien traverse-t-il la Seine ? Six, dont une fois la Marne. Après un survol du périph’ ou de ce qu’on prend pour tel, à Charenton, se pressent les silhouettes de bâtiments industriels (allure XIXe siècle pour la plupart, y compris pour Chinagora, dont l’enseigne domine insolemment), et des escalades de maisons bâties les unes sur les autres qui rappellent la traversée ferroviaire de Meudon. Ici, la rivière a des airs de Marne : ça tombe bien, c’est elle.
Musique et danse
En moyenne, un violon pour deux accordéons. Les violonistes ont une prédilection pour les terrains fixes (couloirs, voire quais) et les accordéonistes pour le matériel flottant. Un seul danseur : à la première minute, sur le premier quai, à Bibliothèque. Un jeune black faisant des mouvements de rap sur place et... au ralenti. Impression d’une très belle pantomime. C’est à ce rythme muet que je me suis mesuré pendant mes 36 heures en apesanteur.
Mystères
Plus l’on avance dans le métro, plus les questions s’épaississent. Pourquoi la station Liège a-t-elle fermé, et ne ferme-t-elle plus à 21 heures ? Pourquoi les « Portes » ont-elles toutes une structure à doubles voies (réparties sur deux ou même trois quais, comme à Porte de Saint-Cloud) ? À quoi servent les croisillons verts de la station Parmentier ?
Nuit
La dernière fois que j’ai passé la nuit dans le métro, c’était sur la 7, grâce à une porte négligemment mais obligeamment laissée entr’ouverte, à Louis Blanc. Quelques ouvriers croisés sur les voies, identifiés grâce à leur lampe de mineur ; quelques clodos endormis Gare de l’Est ; mais point d’officiel (en l’occurrence, les balayeurs des voies) avant l’ouverture des portes, à 5h15 du matin. La nuit seulement, le métro est le négatif de la ville : espace creux sous un sol saturé, espace lumineux sous une ville enténébrée. Bref, il trouve dans ses « heures creuses » sa principale justification : un petit coin de paradis, où vous pourrez profiter, seul, de l’odeur naturelle du métro (voir lieux où dormir).
Odeurs
Un des plus puissants repères de cet univers, car elles n’abandonnent pas facilement une station à laquelle elles sont habituées. De l’odeur de soufre dans les couloirs de Madeleine (entre la 8 et la 14) à l’odeur de friture qui squatte Edgar Quinet, de l’odeur de plâtre de Bérault à celle de lait caillé qui distingue Pré-Saint-Gervais, on se demande pourquoi la RATP n’a pas encore aménagé un réseau en odorama. Une mention spéciale à l’odeur de plastique chaud quand on traverse La Motte Piquet-Grenelle en travaux (ligne 6) : le métro ne s’y arrête pas, et on la prend au vol, comme un maraudeur. Un délice !
Ourcq
En amont et le long du canal, la plus belle exposition de tags à ciel ouvert de Paris.
P.I.L.I.
Les Plans Indicateurs Lumineux d’Itinéraires dessinent grâce à de petites diodes électriques les parcours qu’on leur soumet. L’invention date de 1937 et fit fureur, mais n’excite plus aujourd’hui que hargne et moquerie, le dispositif étant souvent récalcitrant. Le poète Jacques Roubaud en conçut un à la demande de la RATP, dans le cadre des festivités de l’an 2000. Dès les premières heures, je viens, à Pyramides, me prosterner devant « son » P.I.L.I., qui a la particularité d’être tombé en panne dès le deuxième jour ; c’est la première fois en six ans que j’ai le loisir d’y jouer. Soixante itinéraires dont le secret reste celé s’offrent à la curiosité des passants attroupés.
Sorties à l’air libre
Une résurrection provisoire. La pluie rencontrée après une journée caniculaire en quittant Colonel Fabien - et le bassin de la Villette gorgé d’eau - est comme une oasis. Mieux : Saint-Jacques et Passy, quand on vient de Trocadéro, font toutes deux retomber en adolescence. La première fait l’effet, à cause de son préau et de ses grilles en fer forgé séparant la station de la rue, d’un pensionnat. On rêve de faire le mur, le regard braqué sur les fenêtres des immeubles 1900. Bâti au pied de squares verdoyants, Passy est un jardin en ville. La seule station où pour parler au guichetier, vous êtes contraints de sortir de la station (où à l’inverse, la seule station intégrant un élément urbain : en l’occurrence, les escaliers reliant l’avenue du Président-Kennedy à la rue de l’Alboni).
Sorties de Paris
Trois parcours méritent votre attention, en partie à cause du passage d’un cours d’eau. La 8 traverse la Marne à Charenton, la 13 enjambe la Seine aux portes de Gennevilliers, et la 5 longe le Canal de l’Ourq à Bobigny (voir ces mots).
Seine
Dieu que la Seine est belle au Pont de Neuilly ! Déjà, on en a deux pour le prix d’une, car elle a ici deux bras également miroitants et ensoleillés. Atterrissant à La Défense, on se demande sur quel territoire on est subito. Verdure à l’entrée comme à la sortie, constructions modernes, quelques péniches, une largeur inaccoutumée et la perspective de l’Arc de triomphe. Autre vision, moins classique et moins géométrique, mais avec les tours de La Défense en prime, entre Clichy et Gennevilliers (ligne 13).
Temps
Suspendu. Clandestin. Collant. Il ne faut pas deux heures après la première immersion pour éprouver un engourdissement général. Avoir du mal à distinguer les couleurs de lignes. S’évader de soi-même. Le temps devient peu à peu un immense continuum, une pâte molle et indivisible. Pour un premier séjour, minimisez le nombre de changements, de marches dans les stations et surtout d’escaliers.
Au réveil (si vous avez trouvé le sommeil), on a l’impression d’être faits d’os en verre miniatures, et qu’on vous décolle les vertèbres. Sensation de dislocation, d’ébullition, de mijotement, et titubements fréquents. Les effets inévitables du décalage horaire (infime, mais pernicieux). À cette poisse s’ajoute un malaise physique : l’impression de sentir (mauvais), malgré des ablutions répétées, et le réflexe de renifler ses voisins avec obstination. Pour le confort de vos pieds, sachez profiter des arrêts et des terminus.
Saint-Lazare manifeste jusqu’à l’excès cette emprise et ce dérèglement temporels. La base de la nouvelle station de la ligne 14 représente un cadran d’horloge. Les mouvements croisés des gens qui rejoignent Meteor, du sous-sol, et de ceux qui le quittent, par l’escalier, produit un sentiment d’oppression. Ce lieu qui abrita longtemps une prison de femmes donne vite l’impression d’être le héros de la série Le Prisonnier, cherchant sur l’horloge géante les numéros 3, 6, 9 et 12.
Terminus
J’ai toujours ressenti une terreur instinctive à l’approche des terminus. Celle d’être broyé par la machine si j’oubliais de sortir au dernier moment. Ce cul-de-sac où s’enfonce la rame à grand renfort de signaux avertisseurs, cette matrice qui rappelle des zones sombres et humides, cet au-delà du tunnel interdit ne laissait pas de m’inquiéter. La réalité semble plus prosaïque. Je dis « semble » car le doute n’est pas mort. Les trains vont se ranger le long d’un quai... enfin, d’une épure de quai, qui peut être une simple arête de béton, et, neuf fois sur dix, la même voiture vient vous reprendre pour repartir dans l’autre sens. Les lumières n’ont pas le temps de s’éteindre. La police, pas le temps d’intervenir, ni les rats de nettoyer le wagon.
Toilette
Oubliez les cabines automatiques de Madeleine, déjà citées : des trois robinets sous lesquels vous êtes censés placer vos mains (eau, savon et chauffage), celui du milieu ne fonctionne pas ; et le premier est si nerveux qu’il mouille plus efficacement le pantalon que les mains. Pour se débarbouiller, il existe des robinets dans les couloirs de la 12 et de la 13, à Montparnasse. Pour se rafraîchir, je conseille le commerce de parfum « Douglas », situé à La Défense. Petite surface, personnel serviable, et nouveautés très en valeur. J’ai pu tester Élite, de Lancôme, et Moucharabieh, de Guerlain, parfums entêtants et dont il reste quelque chose, même après une pleine journée de transports.
Travaux
On reconnaît les stations en travaux à l’absence de crépit et de revêtement aux sols et sur les murs, et jusque sur la voûte du tunnel (la voûte du tunnel de Bérault est ainsi bordée de pierres de taille invisibles sous la peinture habituelle. Il serait dommage de les recouvrir). Et surtout à un curieux meccano, grue basse bâtie sur deux pieds à roulettes pouvant s’élever ou se baisser au moyen de deux volants... Celles-ci sont immatriculées 150 KG M2.
Vie
Des autochtones ? Hormis les populations précaires, musiciens et clodos, dont je ne surveille pas les allées et venues, je retrouve, à Grands Boulevards, une habituée : une dame qui passe ses journées la tête repliée sur les genoux, au milieu d’un quai de la ligne 9. Le dormeur en face duquel je me suis assis à République (ligne 8) dormait toujours au terminus (Créteil Préfecture), puis au départ du train, puis quand je suis ressorti à Bastille... mais je doute qu’il fasse partie du mobilier. Sur place, je n’ai vu que les « petits soldats » de l’Opéra : les ouvriers qui travaillent à la réfection de la 7, entr’aperçus comme autant de silhouettes affairées, chacune à leur poste, et regardant le train passer. On dirait des figurines Playmobil.
Ville
Heureusement les plans du quartier sont là pour rappeler l’existence d’une ville et rétablir des correspondances avec la surface. Le monde réel se double de son ombre, en quoi il est une caverne « aux normes ». C’est ainsi qu’enjambant la Seine vers Gabriel Péri, je réalise avoir vu, pour la première fois vu, le mythique cimetière des chiens d’Asnières.
Deux modes spécifiques d’insertion dans la ville : Saint Jacques, de plain-pied dans l’avenue du même nom, fait corps avec la ville (comme Volontaires, Vaneau ou Buzenval, blotties au rez-de-chaussée d’un immeuble). C’est moins le cas à Créteil, où la ligne 8 s’est greffée sauvagement entre une autoroute et l’hôpital Henri Mondor, dont les tours se dressent sur toute la longueur du trajet à l’air libre. La voie a l’allure d’une tranchée surélevée, avec des entrées à ras de terre, en contrebas de la rue. Impression d’avoir remonté une fermeture éclair détraquée.