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Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
Publié dans le
numéro I (avril 2007)
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3 mars, 4h12. Je suis avec Michel Polnareff, dans sa suite du Plaza Athénée, il vient de finir le premier concert de sa tournée, il ne peut pas dormir, de toutes façons il ne se couche jamais avant l’aube, il se connecte sur son site polnaweb.com, avec son petit portable posé sur le bureau luxueux de la suite, il regarde les messages de ses fans, qui lui parlent déjà du concert, il y en a plus de 800, il a posé ses grosses lunettes à monture blanche et mis des lunettes de presbyte avec une fine monture métallique, tout à l’heure un photographe va venir le prendre à cet instant, il faudra redevenir l’icône, il pense à cet article du Monde qui le comparait avec une pointe d’ironie à Monk, Coltrane ou Zappa, « revenant sans cesse sur leurs œuvres pour les parfaire », parce qu’il n’a pas composé de disques depuis dix-sept ans, mais à quoi bon écrire de nouvelles chansons, il sait qu’il est un génie et que les génies sont toujours incompris, mais il a passé l’âge de se défendre, il lit un encore un « MerSea », il a 62 ans.
10 mars, 21h27. Je suis avec Marielle de Sarnez, dans son bureau de l’UDF. Elle tient dans les mains le sondage du JDD à paraître le lendemain, qui pour la première fois donne Bayrou à égalité avec Royal au premier tour, à 23%. Marielle de Sarnez se souvient quand elle collait des affiches pour Giscard en 1974, elle ne comprend pas pourquoi les journalistes ne font pas le parallèle entre cette campagne-là et cette campagne-ci, elle ne comprend pas les journalistes tout court, elle se demande pourquoi au début il n’y avait que France 3 régional lors des déplacements de Bayrou et maintenant CNN veut être accrédité partout, elle se demande surtout si ça va continuer. Et s’il était élu ? Marielle de Sarnez regarde dans le vide, au fond d’elle elle n’y avait jamais cru, mais là les choses deviennent sérieuses, elle se demande si c’est une bonne nouvelle, elle se souvient de la campagne de 2002, de la gifle des 6,84%, de combien tout était tranquille alors, son portable sonne, c’est François Bayrou, il va être enthousiaste comme toujours, elle va devoir l’encourager encore, elle ne lui dira pas ce qu’elle vient de penser, elle pense au poste de secrétaire générale de l’Élysée, elle se demande si elle en a vraiment envie, dans quelques jours elle aura 56 ans.