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Grothendieck mon trésor (national)
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Publié dans le
numéro II (mai 2007)
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Ariane, 31 ans.
Cunnilingus, pratique sexuelle qui consiste à lécher le sexe de la femme dans le but de lui procurer du plaisir.
- Et si c’était une définition subjective, est-ce que ça changerait ?
Ah oui, je sais pas comment dire, oui. Je rattacherais le cunnilingus à l’idée d’être butinée en fait, d’avoir l’impression d’être une fleur qu’on butine. Alors, un homme avec qui je couchais à un moment et qui était persuadé qu’il allait révolutionner le monde, avait pour propos de dire qu’il aimait les cunnilingus parce que ça lui permettait de voir la femme avec qui il couchait sous un autre angle, sous un angle sous lequel il ne l’avait jamais vue. Je trouvais ce propos assez séduisant et en même temps je le trouve vraiment très énervant parce que quand l’homme te regarde par cet angle-là, c’est un angle par lequel tu ne t’es jamais vue à moins d’avoir pris un miroir, et ce qui s’expose c’est ta fragilité quand on te voit par un angle par lequel toi tu ne peux pas te voir. Y a quelque chose de préhensif dans ce regard-là qui ne m’intéresse pas forcément. Moi on m’avait jamais fait un cunnilingus jusqu’au bout. Et quand un homme décide de faire un cunnilingus jusqu’au bout, je pense d’abord que pour lui c’est extrêmement fatiguant, de la même manière que quand tu fais une fellation jusqu’au bout, mais y a quelque chose dedans qui est, où tu peux complètement t’abandonner effectivement, qui est génial. Je sais qu’avec Olivier avec qui j’ai passé cinq ans, la première fois que j’ai eu des orgasmes c’était comme ça, effectivement, parfois c’est souvent le déclencheur dans, quand je rencontre quelqu’un, enfin moins ça maintenant, parce que je sais aussi comment me donner du plaisir moi-même donc je le fais. Mais à l’époque où j’étais encore un petit peu empotée, j’attendais ce moment-là comme étant celui qui pouvait me donner l’orgasme, enfin c’est-à-dire que n’ayant pas, moi toute mon adolescence, comme j’ai commencé à coucher avec des garçons j’avais quatorze ans et que j’avais pas de plaisir, j’avais même des douleurs en fait, parce que je savais pas que le clitoris existait, donc c’était plutôt chiant, très chiant, je m’amusais beaucoup d’ailleurs : je me foutais un peu de la gueule des gens avec qui je couchais, très... très... j’aimais bien quand il se cognait la tête, enfin je... De s’emmerder au pieu ça génère ça. Et du coup, je pense que de découvrir son clitoris, et notamment par le biais du cunnilingus, c’est le moment où tu commences à t’ouvrir un petit peu, contrairement à ce qu’on pourrait croire quand on pense que y a que le vagin qui compte.