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« J’arrive à faire face à à peu près tout »
« Le respect de la diversité n’est pas une donnée française »
Une audience à la Cour nationale du droit d’asile
Grothendieck mon trésor (national)
Publié dans le
numéro X (juillet-août 2008)
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Vous savez, les interrogations sur le big bang et les ancêtres des dinosaures. Cette passion qu’ont les scientifiques pour la marche arrière. Comme dans Time and Tired, la première course-poursuite où les voitures roulent en marche avant si on visionne le film en marche arrière. Mac Donald bientôt leur apportera la réponse. Car Mac Donald marche à l’envers. Désireux de manger à tous les râteliers de nos porte-monnaies, McDo s’est mis en tête de faire évoluer le fast food vers la grande cuisine.
1937 : les frères Richard Dick et Maurice Mac ouvrent un stand de hot dog appelé Airdome en Californie. 1940 : les deux frères déménagent à San Bernardino, en Californie, et renomment leur restaurant « McDonald’s ». Le menu consiste en 25 articles, principalement cuisinés au barbecue. 1948 : ayant remarqué que la plupart de leurs revenus provenait des hamburgers, les deux frères ferment leur restaurant le temps de mettre au point le Speedee Service System, une ligne de préparation pour hamburgers. La carte est réduite à l’offre que 80% des consommateurs ont l’habitude de commander (hamburgers, soda, lait, café, frites et gâteau), tandis que la taille du hamburger est diminuée mais pour un prix réduit à 15 cents et que la vaisselle laisse la place à des assiettes et gobelets en carton. 1953 : Les frères McDonald commencent à franchiser leur restaurant. Le second McDonald’s ouvre à Phoenix (Arizona) ; il est le premier à présenter le dessin des Golden Arches (arches dorées, formées par la lettre M).
1954-2007 : les M jaunes immenses des Golden Arches envahissent la planète.
2008 : MacDo remet le sérif. Un nouveau produit est appelé le M de MacDonald’s.
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Le sérif, bande d’incultes, ce sont les petites « pattes » qui ornent les lettres de certaines typos. Les typos anciennes ont des sérifs, les typos modernes n’en ont pas. (Si l’on rentre dans les détails, il y a bien sûr des polices de caractère moches avec sérif et somptueuses sans, mais n’ergotons pas).
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C’est à dire que le présentateur radio qui prononce la phrase « le M de MacDonald » n’a aucun moyen de différencier le M, initiale de McDonald, essence de McDonald, marque de fabrique, grandes arches jaunes poussant comme des pissentlits dans les abords des villes, du M nouveau. Le M nouveau semble calligraphié. En italique. Vieillot à souhait. Noir sur fond beige. Elégant. Distingué. Class. Uper-class. Elitiste. Gastronomique.
Le boeuf par excellence. Viande de boeuf préparée, hachée et assaisonée. Un pain doré cuit sur pierre, une viande de boeuf... assaisonnées, de la batavia croquante, deux rondelles de tomate fraîche et une tranche d’emmenthal français affinage de tradition. Reprenons. Du pain de campagne de l’âge de pierre. De la Batavia qui frise comme Nathalie Portman : ce n’est plus de la salade, c’est une frange décorative, c’est un accroche-coeur pour les papilles. Un gruyère avec un trou si régulier, si parfaitement dessiné, qu’il faut croire qu’ils embauchent des souris qui sortent des Arts déco. Et nous qui aimions tant aller au McDo pour son fromage carré vendu sous plastique ! Pour son pain mou et sucré ! Pour ses tomates qui coulent en tube !
Ainsi va la vie. La poule aurait donné le dinosaure. La girafe qui avait la tête dans les épaules a allongé son cou. Et à ce rythme, MacDo qui vendait de la merde finira dans le guide Michelin avant 2012. Nous y commanderons du gratin dauphinois et un Mont Blanc en nous essuyant avec des serviettes écrues en coton. - Maman, j’veux aller chez La Pérouse ! Là où y’a des doubles cheese ! Sale gosse, va.