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L’homme et la femme selon Quo Vadis

L’homme et la femme selon Quo Vadis

L'homme et la femme selon Quo Vadis
Mis en ligne le jeudi 1er mars 2007 ; mis à jour le mercredi 19 septembre 2007.

Publié dans le numéro I (avril 2007)

 

 

 

 

 

La semaine commence fort. Lundi 8h : « réunion cabinet ». L’après-midi, « audience au TGI de Nanterre, 4e chambre ». Dans un tribunal de grande instance, cette chambre-là se charge de la nullité des mariages et de la filiation. Ça tombe bien : il est divorcé. C’est son « week-end Théo & Léonie ». Le samedi, « école Léonie » à midi, et les voilà qui partent au Jardin du Luxembourg. Il est donc Parisien. Il va au ciné « à Odéon ». S’occupe de l’inscription à l’école de danse de sa fille. Emmène Théo au piano et au foot. Mange bien (« Traiteur italien »). Prend soin de lui : pressing, coiffeur. Fait du sport. « Squash David », « confirmation saut en PARACHUTE » — en rouge et en majuscules, le rouge qui ne lui sert qu’à écrire « Dossier Sanders ». Mais continuons donc de rêver. « Contrôle technique » : il a une voiture. Et deux à trois maîtresses. Le mardi, c’est « Laura » (souligné une fois), le jeudi, c’est « dîner Isa » (souligné deux fois, et le lendemain, c’est « envoyer bouquet » : Isa serait donc la nouvelle). À moins que le bouquet ne fasse suite au « dîner Carole à l’Azalée » (78 avenue des Ternes dans le XVIIe ; le plat « gratin de crustacés et tombée d’épinards » y coûte 30 euros : il est donc riche). Et il a des amis à la mode : « soirée poker ». Et des collègues : déjeuner avec « E. Bloch ». Eugène, le physicien français ? Ernest, le compositeur américain ? Ernst, le philosophe allemand ? ils sont morts. C’est donc Étienne, le magistrat. Mais on a oublié de dire : cet homme parfait a une écriture affreuse. Et lui qui est magistrat, il écrit encore « RDV tel avec Maître Dubrule », en toutes lettres — pas très crédible, pour un homme si pressé.
Quant à Carole, avec qui « Séb. » dîne à l’Azalée, une autre publicité lui est consacrée. Son agenda est « féminin » à faire pleurer une féministe : « Pédiatre Suzie », « danse Mina », « manucure », « déj. Maman », « baby-sitter ok », « bricks chèvre-noix+MENTHE », « gâteau au chocolat »... Carole est une gentille journaliste culturelle divorcée, qui court les expos (article « Art Brut »), et n’a bien sûr pas d’autres amants que ce « Séb. » qui lui a donné envie de chercher des « infos pour Madagascar ».
Cerise sur le gâteau du non-crédible : cette journaliste si organisée écrit « BOUCLAGE » en rouge et, au-dessus, a entouré 17h. avec la mention : « limite remise article au SR ». On en rit encore. C’est comme si un mécanicien écrivait sur son agenda : « réparer les pneus de la voiture pour 13 heures ». Ces gens parfaits n’ont donc aucune mémoire.
Au fait : pour Quo Vadis l’homme a « l’art de tout organiser » ; la femme pense à « embellir la vie ». Si c’est pas beau.

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